Susie Salmon avait quatorze ans lorsqu'elle fut assassinée en 1973. Son tueur, un voisin psychopathe, continue à vivre en face de ses parents. Susie le surveille depuis l'entre-deux monde qu'elle s'est construit dans son subconscient, observant, et intervenant également, auprès de sa famille; elle voit son père, qui, poussé par la haine de sa fille, cherche inlassablement l'assassin, mettant ainsi sa femme à bout de nerfs; la mère de Susie quitte alors la maison, laissant ses deux autres enfants, Lindsey et Buckley, entre les mains de leur grand-mère, alcoolique et provocatrice. Susie couve aussi du regard le garçon dont elle était amoureuse, et qui devait lui donner son premier baiser, le joli Ray.
Lovely bones est inspiré du roman best-seller d'Alice Sebold. Peter Jackson semble, avec ce drame qui touche à des thèmes sensibles, comme la perte d'un enfant, s'ouvrir au genre intimiste, plus délicat que ses précédentes réalisations, Le Seigneur des Anneaux ou King Kong. Si l'intention d'aller vers l'émotion est bien là, les réflexes à gros budget et sans grande subtilité du réalisateur persistent.
L'histoire est cependant passionnante. L'entre-deux monde dans lequel s'installe Susie après sa mort est introduit peu à peu, alors qu'elle réalise qu'elle a été tuée. De là, elle approche son père en particulier, concentrant ses forces sur lui, lui transmettant son désir de vengeance. Cette idée d'un presque au-delà, fondé sur le subconscient de la toute jeune fille, ces paysages qui varient en fonction de son état d'esprit et de son niveau d'acceptation de sa propre mort, ces décors éphémères hauts en couleur traduisent un imaginaire foisonnant. Les effets spéciaux s'y entrechoquent, à la grande limite du kitsch. Bouillonnant d'idées, de symboles, cet univers est trop souvent confus.
De l'autre côté, dans le monde réel, les personnages sont construits sur de bonnes bases; le père et la mère, réagissant de manières différentes, offrent un vaste champ de possibilités d'identification. Mais, encore une fois, Peter Jackson va trop loin, envoyant la mère à l'autre bout du monde, et faisant du père un fou furieux mono-maniaque qui ne se base que sur ses intuitions. Les personnages secondaires subissent le même sort; Ray, le bel étalon tant convoité par Susie, promène ses cils de cheval et ses lèvres gonflées tout en écrivant de la poésie; une jeune fille qui voit les morts - personnage trop peu exploité - tombe dans pommes et reste des heures durant le regard fixé sur l'au-delà, puis exalte son âme d'artiste en dessinant des dessins hautement érotiques.
Cette dernière évocation est purement ironique, car le film reste bien évidemment pudique, et tout public, voire même destiné aux plus jeunes. En effet, la réalisation en rajoute aussi des tonnes, à grands coups de ralentis, de fumées et de voix off. Au cas où le spectateur ne saisirait rien, un plan, puis un autre, puis un troisième, viennent toujours renforcer chaque émotion. A tel point qu'on finit par en avoir assez d'être ainsi pris par la main et qu'on souhaite voir le film raccourci d'une bonne heure pour n'en garder que l'essence même.
Peter Jackson devrait peut-être s'en tenir aux projets démesurés, à la hauteur de ses extravagances.
De l'autre côté, dans le monde réel, les personnages sont construits sur de bonnes bases; le père et la mère, réagissant de manières différentes, offrent un vaste champ de possibilités d'identification. Mais, encore une fois, Peter Jackson va trop loin, envoyant la mère à l'autre bout du monde, et faisant du père un fou furieux mono-maniaque qui ne se base que sur ses intuitions. Les personnages secondaires subissent le même sort; Ray, le bel étalon tant convoité par Susie, promène ses cils de cheval et ses lèvres gonflées tout en écrivant de la poésie; une jeune fille qui voit les morts - personnage trop peu exploité - tombe dans pommes et reste des heures durant le regard fixé sur l'au-delà, puis exalte son âme d'artiste en dessinant des dessins hautement érotiques.
Cette dernière évocation est purement ironique, car le film reste bien évidemment pudique, et tout public, voire même destiné aux plus jeunes. En effet, la réalisation en rajoute aussi des tonnes, à grands coups de ralentis, de fumées et de voix off. Au cas où le spectateur ne saisirait rien, un plan, puis un autre, puis un troisième, viennent toujours renforcer chaque émotion. A tel point qu'on finit par en avoir assez d'être ainsi pris par la main et qu'on souhaite voir le film raccourci d'une bonne heure pour n'en garder que l'essence même.
Peter Jackson devrait peut-être s'en tenir aux projets démesurés, à la hauteur de ses extravagances.
Lovely bones
de Peter Jackson
avec Saoirse Ronan, Mark Wahlberg, Rachel Weisz,...
sortie française: 10 février 2010
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