Jinhee, neuf ans, aime son père avec toute la force de son cœur d'enfant. Son père le lui rend bien. Et pourtant, il l'abandonne aux mains de sœurs catholiques, dans un orphelinat qui recueille ces enfants non désirés, reniés. Jinhee commencera par refuser cette trahison, et s'accroche à l'espoir d'une famille encore bien vivante, la sienne, représentée par son père, qui viendra la chercher. Mais elle doit se faire une raison, et s'atteler à un autre projet, celui de trouver une nouvelle famille, qui saura l'aimer.
Une vie toute neuve a été présenté en Sélection officielle, hors-compétition, au Festival de Cannes en 2009. Le film s'offre toutefois une sortie discrète, le genre quasi-documentaire, et de surcroit coréen, ne trouvant pas toujours grâce aux yeux du grand public. C'est pourtant un véritable bijou de délicatesse. Une vie toute neuve joue sur la simplicité de l'image. La réalisation est efficace, aussi simple et subtile que les émotions enfantines qu'elle souhaite transmettre. Les éléments sont clairement établis, installées, pour revenir avec force aux moments les plus poignants, comme cette scène dans laquelle Jinhee s'ensevelit dans la terre, telle l'oiseau mort et enterré qu'elle et son amie avaient recueilli.
Jamais la réalisatrice ne tente d'arracher les larmes. L'émotion surgit naturellement, au fur et à mesure que le spectateur découvre avec Jinhee que son père l'a bel et bien abandonnée. Mais, alors que le spectateur accepte le fait, Jinhee refuse d'accepter cette idée, et l'on s'émouvoit de sa brutale obstination. Après une grève de la faim, un refus de s'exprimer, peu à peu, avec difficulté, délicatesse, son personnage évolue vers ce qui devra bien être sa nouvelle vie. L'image de cette enfant, qui comprend doucement la fourberie adulte, et qui se reconstruit, avec toute la capacité d'adaptation dont font preuve les très jeunes, est bouleversante. La perspective d'un avenir en Occident doit être considéré comme une grande chance, comme le lui fait comprendre sa meilleure amie, qui elle apprend l'anglais pour séduire les éventuels parents adoptifs.
Ounie Lecomte a elle-même été abandonnée, enfant, emmenée à l'orphelinat par une grand-mère et un oncle qui, se souvient-elle, lui passent tous ses caprices en chemin, sachant le dénouement du voyage. Il faut savoir que le gouvernement coréen, dans les années 1950, après la guerre de Corée, encourageait les parents divorcés à se séparer des enfants de leur première union. L'abandon, thème central du film, est traité avec un zeste de rancœur, et un sentiment de révolte sous-jacent. Mais prévalent la finesse et les émotions d'enfants, poignantes, brillamment incarnées par la très jeune Kim Saeron.
Une vie toute neuve
de Ounie Lecomte
avec Kim Saeron, Park Doyeon, Park Myeong-Shin,...
sortie française: 6 janvier 2010
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