Georges Falconer, professeur de littérature à l'université, vit comme un fantôme depuis la mort accidentelle de son compagnon depuis quinze ans, Jim. Il subit chaque matin comme une douleur, et traverse chaque journée en pensant au suicide. Ce jour là, il décide de passer à autre chose, et prépare pour de bon sa mort. Un de ses étudiants, le jeune Kenny, sa meilleure amie Charley, ou un bel étranger inconnu rencontré par hasard lui redonnent vaguement le goût de la vie.
Le premier film de Tom Ford, créateur de mode, se déroule sur une journée de la vie gâchée de son personnage principal. Au cours de cette journée, chaque détail de son quotidien, comme chaque jour semble-t-il, lui rappelle son amour perdu. Tom Ford se lance alors dans des flash-backs mélancoliques et lents. Il semblerait que, pendant ses huit mois de solitude, Georges se complaise à souffrir ainsi, à ressasser ses souvenirs heureux dès qu'il aperçoit la latte de parquet sur laquelle Jim avait marché, dès qu'il entend le son d'un ballon au-dehors, lui rappelant les battements de cœur de Jim, ou lorsque ses yeux, par hasard, tombent sur un morceau de papier ressemblant à un autre morceau de papier effleuré par Jim... La souffrance de Georges abonde et déborde, et toute la poésie de la douleur est détruite par cette lourde insistance. Georges vit dans un monde en slow motion, à l'image désaturée, verdâtre, aux couleurs de son esprit malheureux.
Tom Ford ne donne ni dans la demi-mesure ni dans la délicatesse, lorsqu'il évoque un sujet. Les clichés d'homme aisé, homosexuel délicat et raffiné, s'enchaînent, jusqu'à recouvrir ceux qui entourent son personnage principal. Charley, la meilleure amie de Georges, est une riche rentière qui s'ennuie, se maquille et s'habille pour faire passer les heures, et noie dans le gin ses souvenirs de jeunesse. Les étudiants de Georges sont lumineux - concrètement, pas à la manière second degré hilarant d'un Mr. Fox - et torses nus; ils ont les regards clairs et innocents.
Celui qui sort Georges de son désespoir est, sans qu'il ne le dise directement, toujours avec cette belle subtilité qui domine le film, homosexuel. La relation qui se tisse entre cet adolescent, Kenny, et Georges, s'approche d'une impureté, sans jamais, heureusement, y sombrer. Tom Ford, encore une fois, est en-dehors de son propos. Il ne semble pas vouloir évoquer une pédophilie malsaine, mais, la réalisation, maladroite, y fait penser.
Tom Ford ne réussit pas de coup d'éclat avec son premier film. Pesant, sans rythme ni style, ce n'est pas la fin, surprenant, qui arriverait à remonter le niveau.
A single man
de Tom Ford
avec Colin Firth, Julianne Moore, Nicholas Hoult,...
sortie française: 24 février 2010
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