Saturday, September 26, 2009

Fish Tank, d'Andrea Arnold

Dans sa banlieue, Mia, quatorze ans, respire mal. Ses amies la laissent tomber, sa mère ne sait s'occuper que d'elle-même, et Mia n'a aucune perspective d'avenir. Elle se retrouve peut-être un peu dans ce vieux cheval attaché à une corde, gardé par trois frères un peu gitans, qu'elle tente de délivrer vainement, au risque de se faire bousculer violemment par les garçons. Quand Connor, le nouveau petit ami de sa mère s'installe chez elles, elle voit en lui un bonheur fragile, qui ré-équilibre sa famille. Mais c'est sans compter pour son attirance pour lui, ni sur sa véritable vie à lui, dont il dissimule tout à sa famille de passage.



Mia danse, quelques pas de hip-hop maladroits mais plein de passion, dans un appartement délaissé en haut d'une tour de son quartier. C'est son défouloir, et sa seule réelle ambition. Par ces mouvements désordonnés passe toute sa fragilité, difficilement visible sous ses grands mots vulgaires quand elle répond à sa mère, sous son maquillage un peu lourd qui la vieillit, ses joggings amples qui cachent sa féminité, et sous sa brusquerie qui est la réponse à toute tentative d'approche. Par ce personnage sensible, la tradition d'un cinéma social anglais tombe à nouveau juste. Mia véhicule tous les malaises d'une adolescente typique, un peu paumée sans être extrême, fâchée mais pas totalement dépourvue d'espoir. L'entourent ses amies, fillettes dénudées qui jouent aux femmes fatales, sa mère, jeune femme qui refuse d'admettre ses responsabilités, son copain gitan, sans le sou mais pris d'une réelle affection pour elle; tous ces personnages secondaires forment le monde au sein duquel Mia se sent enfermée, dans lequel elle se voit s'enliser.


Et Connor, beau parti, amant efficace, simulacre de père qui pourrait sembler idéal, bouscule quelques données infimes dans cet univers. Le semblant de famille qui s'organise autour de lui durant un peu de temps a des airs de perfection, avec une mère plus heureuse et plus douce, une petite sœur toujours exubérante mais soumise à une domination masculine qui lui manquait. Quant à Mia, elle est irrésistiblement attirée par ce qu'il représente de l'homme idéal. Fatalement, elle revient à la réalité, au mensonge dans lequel elle grandit depuis toujours. Cependant, même si Connor détruit lui-même l'image de perfection qu'il a créé, il a aussi donné à Mia la force de s'échapper.


Fish Tank possède comme son personnage principal la fragilité d'un film ancré dans la culture d'un cinéma social à l'anglaise; mais sa construction impeccable et la justesse de ses interprètes font qu'il ne sombre jamais vers la caricature et Andrea Arnold s'en sort haut la main.





Fish tank
d'Andrea Arnold
avec Katie Jarvis, Kierston Wareing, Michael Fassbender,...
sortie française: 16 septembre 2009

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