Rapt s'inspire de l'enlèvement du Baron Empain, patron belge, en 1978, en transposant néanmoins l'affaire aujourd'hui, et à Paris. De toute manière, un kidnapping d'un homme d'affaire pourrait ressembler à une autre. Stanislas Graff est violemment sorti de sa voiture et emmené par un groupe d'hommes cagoulés dans une cave d'où il ne sortira que pour être enfermé ailleurs, sans jamais voir la lumière du jour. Il attend, tandis qu'à l'air libre, sa femme, ses filles, voient s'étaler sa vie cachée dans les journaux, ses maîtresses, ses pertes au poker. Payer, faire intervenir la police, la femme de Stanislas Graff est pressée d'agir.
Stanislas Graff accepte tout, se soumet et laisse sa dignité de côté, dans les sous-sols où on le jette, où on l'enchaîne. Cet homme arrogant, habitué au pouvoir et à l'argent, connaît une déchéance physique et morale, subit les cris et les insultes, supporte de porter quasiment en permanence un masque sur ses yeux, pour ne jamais risquer de distinguer les traits de ses bourreaux. Il sortira finalement de sa captivité, et reprend rapidement ses grands airs. Mais sa vie n'est plus la même, car tout son entourage a découvert, probablement exagéré de mille fois, ses excès et sa suffisance.
Cette partie du film, du retour à la vie "normale", mise en avant dans les nombreux résumés et les critiques de Rapt, n'est pas l'essentielle. Le film semble osciller entre les deux idées, celle d'une captivité impitoyable, et celle d'une réappropriation de son entourage social, familial, et géographique, sans jamais réussir à décrire l'une d'entre elles avec assez de force. Yvan Attal sauve le film par une performance d'acteur subtile, réussissant l'exploit de montrer en peu de plans ce qu'il se passe à l'intérieur même du cerveau de son personnage. Après son retour, c'est un homme qui reprend rapidement ses forces que voient d'un œil suspicieux les autres. C'est un homme seul, brisé, se dissimulant derrières des apparences, qu'Yvan Attal interprète.
Le reste des personnages, comme des acteurs, n'arrive pas à sa cheville. La volonté du réalisateur sans doute, de ne pas faire dans la surenchère, de larmes et de souffrance, enlève toute chaleur à sa mise en scène et à sa direction d'acteurs. Les phrases sont débitées froidement, les cadres sont formels, et la gué-guerre qui oppose les forces de la police à l'avocat de la famille, les premiers voulant intervenir, le second répondre au souhait de la famille de payer sans discuter, n'a pas la force qu'il faudrait. Tout ce qui éloigne le spectateur du milieu de l'incarcération de Stanislas Graff semble superflu et fade.
Yvan Attal est bluffant dans ce film, qui n'a néanmoins d'autre intérêt que son acteur principal.
Rapt
de Lucas Belvaux
avec: Yvan Attal, Anne Consigny, André Marcon,...
sortie française: 18 novembre 2009