Saturday, May 12, 2012

Dark shadows, de Tim Burton

Barnabas, dès son plus jeune âge, fut un des pionniers américains. Dans ce Nouveau Monde, les parents de Barnabas bâtirent un empire du poisson. Barnabas, majeur, reprit avec fierté le flambeau, enrichissant toujours sa famille, les Collins de Collinsport. Dans leur manoir de Colinwood, les Collins furent néanmoins frappés d'une malédiction. Les parents de Barnabas d'abord furent tués soudainement; la fiancée de Barnabas, la jolie Josette, se jeta du haut d'une falaise, suivie de près par son amour... Barnabas survécut, condamné par la sorcière Angélique, servante au service des Collins, à vivre pour toujours en tant que vampire. Les habitants de Collinsport, remontés contre le monstre que Barnabas était devenu, l'enchaînèrent dans un tombeau. Deux cent ans plus tard, alors que la famille Collins survit dans la misère tout en conservant l'apparence de la riche bourgeoisie à Collinwood, une concordance d'évènements fait ressortir Barnabas de sous la terre... Décidé à remettre sa descendance sur les rails, il se heurte à l'époque, à Angélique qui mène le marché du poisson par le bout du nez, et à l'amour, qui refait aussi surface.


Tim Burton est en ce moment à l'honneur à la Cinémathèque française, dans une exposition qui rend très certainement - j'irai la voir prochainement, dès que l'occasion se présentera - honneur à son imagination. A son image, légèrement gothique, fantasque, sérieusement barrée, la carrière de Tim Burton commence dans le dessin animé et chez Walt Disney, où il reste cinq années, de 1979 à 1984. Inspiré par les films de monstres, mis à contribution sur des productions destinées aux enfants, toute l’œuvre de Tim Burton semble profondément marquée par ses toutes premières influences. On y retrouve une esthétique sombre, un goût pour les créatures, mais le public reste large, et même assez jeune, par les thématiques - le rejet, les différences, sujets dans lesquels chaque adolescent se retrouve un jour - et la dérision qui sont les choix du réalisateur.


Tim Burton aime aussi se sentir inspiré par ses acteurs. On retrouve donc, pour une énième collaboration, un Johnny Depp de nouveau transformé, modelé tel une pâte, et bien entendu, Helena Bonham Carter, femme du réalisateur, qui se prête à ses fantaisies les moins flatteuses, mais qui finira, je vous préviens, le dernier mot dans Dark shadows. Le spectateur ne sera donc pas déboussolé par ce dernier film, fidèle à l’œuvre de Tim Burton. Barnabas est un personnage qui, comme Ed Wood, comme Edward aux mains d'argent, est rejeté, et se retrouve seul. La famille, indivisible malgré ses différences, tout comme la famille Adams, maintient le lien entre Barnabas, réveillé 200 ans après avoir été enfoui sous terre, et le monde. Ceux-là n'ont pas d'autre choix que de s'aimer et de rester unis.


C'est cependant la seule cohérence du film, qui s'égare sur trop de sujets. Du fantastique et des créatures - sorcière, vampire,.. -, on saute à la romance - sans savoir pourquoi ce sosie de Josette se retrouve à Collinwood, malgré une explication tirée par les cheveux, et qui sort de nouveau le scénario de ses rails -, en passant par la vengeance monte-cristique d'une Angélique inutilement vénérienne, ou par le choc des époques,... On ne sait plus où donner de la tête, et Tim Burton lui-même ne maîtrise pas tous les chemins qui s'éparpillent. Il s'en sort en intercalant des clips dans son film. De longs moments illustrent chaque histoire, agrémentés de musique. C'est joli, et certainement pas désagréable à entendre. Mais personne n'est dupe et la légèreté du scénario n'en ressort que plus.


On peut passer outre ces faiblesses, d'autant qu'elles sont joliment réalisées. Le divertissement est finalement souvent mal traité au cinéma, et celui-ci est de bonne facture. On en attend cependant plus de Tim Burton, génie reconnu. Du mordant, de la maîtrise, plus d'ironie; surtout, surtout, il manque à Dark shadows une dose de poésie, perdue dans trop d'humour.


Dark shadows
de Tim Burton
avce: Johnny Depp, Michelle Pfeiffer, Eva Green,...
sortie française: 09 mai 2012

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