Jude et Mina se rencontrent, tombent amoureux et tout s'enchaine rapidement ; alors qu'elle devait rentrer en Italie, Mina tombe enceinte et le couple se marie. A la naissance de l'enfant, Mina l'enferme dans un monde de propreté et devient obnubilée par l'idée de le protéger. Jude est partagé entre son amour pour Mina, sa confiance, et la peur de voir son enfant succomber à la folie de Mina.
Ca commence comme une histoire d'amour, comme un film romantique, ça se termine comme une histoire d'amour, façon drame. Entre les deux, le film bascule lentement dans le cauchemar, avec une réalisation qui évolue doucement et inclut des visions déformées, concrètement, de la réalité par l'utilisation de lentilles déformantes, et une musique de plus en plus intrusive. Des astuces qui peuvent paraître illusoires mais qui permettent d'accentuer la peur de Jude et d'isoler Mina dans un monde de terreur.
Mina et Jude ne cessent cependant jamais de s'aimer, dans cette bulle de peur qui grandit autour d'eux. Le monde extérieur est source d'angoisse pour Mina, qui reporte sur son bébé sa solitude, son statut d'immigrée italienne, et peut-être aussi ses doutes sur une histoire d'amour intense et rapide. On lui trouve des excuses, on a envie de la secouer, de la faire sortir de son cocon, de lui crier dessus ; mais nul spectateur ne saurait réagir avec autant de tendresse que Jude, désemparé mais assumant son statut d'époux et de père, amoureux toujours. Alba Rohrwacher, je la savais déjà excellente (même sans doute dans La solitude des nombres premiers, autre collaboration avec Saverio Costanzo, que j'avais apparemment détesté ; je le reverrais bien aujourd'hui). Adam Driver est une révélation.
Son visage changeant se prête à merveille à une histoire d'amour étonnante et pourtant banale : les personnages se rencontrent, font un enfant, se marient et vivent ensemble. Malgré sa carrure immense, encore plus massive en comparaison de la frêle Mina, Adam Driver se montre perdu, désemparé, jeune homme qui tente de sauver tout son monde, tout seul. Il n'y arrive pas, car des épaules, aussi carrées soient-elles, ce n'est pas ce qui peut sauver Mina et leur fils. Y serait-il cependant arrivé, si la tragédie n'avait pas tourné au drame ? On a envie d'y croire, comme lui y croyait jusqu'au bout.
Le film démonte aussi, sans le dire, ce sexisme qui est sûr que les mères sont toujours sûres de leurs faits (instinct oblige). Juste un niveau de lecture supplémentaire, sans être engagé le point levé, à part pour l'amour.
Le film démonte aussi, sans le dire, ce sexisme qui est sûr que les mères sont toujours sûres de leurs faits (instinct oblige). Juste un niveau de lecture supplémentaire, sans être engagé le point levé, à part pour l'amour.
Hungry hearts
de Saverio Costanzo
avec : Adam Driver, Alba Rohrwacher, Roberta Maxwell,...
sortie le : 25 février 2015
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