Adèle Blanc-sec n'en fait qu'à sa tête: envoyée en Inde par son éditeur, qui compte sur elle pour trouver la matière d'un nouveau roman, elle se balade en Egypte et ramène une momie qui se trouvait être médecin de pharaon de son vivant. En effet, la soeur d'Adèle est dans un sale état, proche de la momie d'ailleurs, depuis quelques années, et Adèle ne perd pas espoir de la guérir. Elle compte sur le professeur Espérandieu, spécialiste dans la résurrection des morts, pour l'aider. Malheureusement, pendant sa petite échappée belle, le professeur n'a pas pu s'empêcher de sortir de son oeuf un ptérodactyle qui terrifie Paris, histoire de s'entraîner. Adèle doit jongler entre sa momie, les enquêteurs qui remontent jusqu'à Espérandieu, le professeur qui, intimement lié à la bestiole, perd des forces et se retrouve en prison, et les avances d'un jeune scientifique du Jardin des plantes qui est tout heureux de participer maladroitement aux aventures de sa romancière favorite.
Luc Besson a repris deux des neufs bandes dessinées de la série de Tardi pour écrire le scénario de son Adèle Banc-Sec. Si le succès est de son côté, il en fera une trilogie. Des gros sous circulent donc, les décors merveilleux et les effets spéciaux sont de la partie. Le Paris 1900 de Besson est plutôt grandiose, vide et immense; l'action, qui se déroule entre les Tuileries, le Louvre et le Jardin des Plantes, regorge de jolis clichés et enjolive la ville, toujours vide et immense. Légèrement kitschs, ces décors n'en sont pas moins agréables et les lieux représentés, suffisamment représentatifs pour que l'action soit située en un dixième de clignement d'oeil par un public international.
Pour tous les âges aussi; Adèle Blanc-Sec a toujours la main leste sur la boisson; mais c'est pour mieux sourire à sa soeur, qui ne lui répond pas en retour; elle fume dans son bain sans complexe; mais c'est pour mieux réfléchir; son verbe est effronté et sa langue bien pendue. Toutes ces caractéristiques sont présentes dans la bande dessinée, fidèlement mise en mouvement. Si l'histoire n'est pas celle de Tardi, l'auteur n'a cependant pas été trahi. Cependant, dans un souci, probablement, de séduire un public assez large, le personnage d'Adèle est moins antipathique que celui de Tardi. Louise Bourgoin, dont c'est le premier grand rôle, incarne l'héroïne à merveille. Le ton est juste, la démarche élégante et décidée. Tous les éléments sont réunis pour un film gentillet, juste, pêchu; mais Besson reste Besson.
Le réalisateur, dont les films à gros budgets, qu'il produit et/ou réalise, manquent de subtilité depuis quelques années (Transporteur, Banlieue 13, Yamakasi,...), enchaîne les clichés et ne se casse pas la tête à chercher le raffinement. Les raccords, toujours les mêmes, sont grossiers et redondants. Le personnage d'Adèle se veut dissimuler, sous une apparence un peu rude, un coeur tendre et une délicate féminité; mais le procédé est lourdaud, et manque encore une fois de finesse. L'humour est certainement présent, mais l'hilarité ne se déclenche pas vraiment, tant il est mal introduit et incarné par un Jean-Paul Rouve maquillé (??!) et un Gilles Lellouche qui n'interprète que trop bien la balourdise de son personnage d'inspecteur. Les clichés s'enchaînent, attendus, sans surprise. Louise Bourgoin ne peut faire décoller son personnage, qui reste de bout en bout gouailleur, et fonce tête baissée sans s'arrêter, toujours au même rythme.
Adèle Blanc-Sec ne fait pas passer un mauvais moment au spectateur. Cependant, le film est loin d'être indispensable.
Adèle Banc-Sec
de Luc Besson
avec Louise Bourgoin, Jacky Nercessian, Gilles Lellouche,...
sortie française: 14 avril 2010
4 comments:
Étant fan de la série Blanc-Sec, je me dois d'aller voir ça au ciné... Mais les grosses pattes velues de Besson doivent avoir saccager l'œuvre. Je me méfie de ce type. Il est gros et barbu.
En tout cas, chapeau pour ce blog! J'y passe régulièrement pour lire tes critiques.
A bientôt!
Vraiment triste qu'un personnage aussi intéressant et original qu'Adèle tombe dans les mains boudinées de Besson qui alourdi ses films autant que sa silhouette les années passant.
Je rêve d'un bon film sur le début du siecle à Paris et de la fascination de nos aïeuls pour l'étrange et le surnaturel.
merci pour ta critique !
TheOldCuban
Vous avez quoi contre les gens aux gros doigts, vous deux?!
bravo Fanny, moi j'en ai marre du racisme antigros.
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