Wednesday, August 10, 2011

Super8, de J.J. Abrams

Fin des années 70, dans un monde où les jeunes découvrent le walkman, un groupe de gamins tourne en super8 un film de zombies. Mené par le gros Charles, ils ont même réussi à engager la jolie Alice dans leur tournage, la femme étant considéré comme une "production value" par leur réalisateur acharné. Mais le tournage, une nuit, tourne au désastre, et les enfants sont témoins d'un déraillement de train causé par leur professeur de biologie; l'accident est spectaculaire et marque le début d'étranges phénomènes dans leur petite ville. Disparitions de chiens et de micro-ondes, c'est l'adjoint-shérif Jackson qui est chargé d'enquêter alors que le shérif lui même a disparu. L'armée, présente sur les lieux, garde ses informations pour elle; et le fils de Jackson, Joe, perturbé par la mort de sa mère quatre mois auparavant, en différend constant avec son père, continue le tournage, tout en conservant en tête les images vues durant l'accident de train.


Super8 était probablement attendu par tous les geeks ex-fans des Goonies et de E.T. L'extraterrestre. Mêlant la science-fiction au quotidien de très jeunes héros, il est plein de moral et ne se mouille pas trop au niveau du message... mais pourrait marquer une génération de gamins. Cependant, alors que nous, petits, étions excités par l'avalanche d'effets spéciaux, par l'inconnu venu de l'espace... les gosses d'aujourd'hui, et je dis ça en risquant fortement de passer pour une vieille conne, y sont déjà habitués. Il n'est pas certain, donc, que Super8 ait le même impact qu'E.T. en son temps sur une génération entière. Quid alors des vieux fanas de science-fiction des années 80, de Retour vers le futur et autres Star Wars? Pouvons-nous replonger dans la simplicité d'un scénario hollywoodien et y croire encore, maintenant qu'on connait la vie et ses turpitudes? Pas sûr non plus... Super8 peine donc à trouver son public, trop entre deux eaux, trop daté pour les jeunots d'aujourd'hui, et pas assez geek pour les trentenaires qui ont grandi avec des effets spéciaux en carton.


La scène d'entrée vaut le coup; le crash du train est exceptionnel, le réalisateur le fait durer de longues minutes; on adore cette surenchère d'explosions, dramatique et aboutie. D'autres idées sont bonnes à prendre, comme des clins d’œil d'époque: les coiffures, le nombril à l'air, l'évocation des "boums"... et évidemment, la référence à Romero est génialissime, avec ce film atroce de zombies que la bande de gamins décide de tourner. Pour la petite histoire, J.J. Abrams a réellement laissé les jeunes acteurs réaliser leur propre film, qui est diffusé dans son intégralité lors du générique de fin. Ces enfants par ailleurs, ont tous d'excellents personnages, depuis le "petit chef" mal dans sa peau au beau gosse de la bande, qui réussit à mettre le grappin sur Alice en toute timidité, en passant par le blondinet fou furieux de pétards... Bien choisis, bien interprétés, ils suivent un scénario tout aussi bien écrit... trop bien écrit?


Les ficelles sont évidemment grossières, mais fonctionnent en toute fluidité. Bien sûr, le héros a été traumatisé, et sont mis en parallèle sa relation avec son père et l'évolution de la situation mystère/aventure. Des éléments graphiques reviennent nous rappeler cette tristesse, de manière redondante, évidente, un peu grossière... mais justifiée. Le collier que triture Joe à longueur de temps en est l'exemple suprême, mais ce n'est pas le seule. L'écriture du scénario est donc truffée d'éléments qui fluidifient l'action, et on ne peut lui reprocher que ce manque d'à-coups.


Effectivement, le film se déroule pendant presque deux heures pas du tout ennuyeuses, mais jamais réellement excitantes non plus. Chaque scène est si évidemment liée à la précédente, qu'on la pressent avant même de la voir se dérouler; et le mystère n'en est rapidement plus un. On peut donc se laisser porter par la vague de rebondissements sans surprise, bien rythmé, sans s'engager davantage dans le film. Les 120 minutes se déroulent sans accroc, et les images ne restent donc pas en tête la séance terminée.


Pas désagréable, Super8 ne montre non plus rien de nouveau; il est vain de penser aujourd'hui retrouver la saveur de la science-fiction des années 80, lorsqu'on s'extasiait encore devant les étoiles et l'espace et les explosions au cinéma. 



Super8
de J.J. Abrams
avec: Joel Courtney, Elle Fanning, Kyle Chandler,...
sortie française: 03 août 2011

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