Tuesday, August 30, 2011

Moon, de Duncan Jones

Sam Bell est en mission sur la Lune. Seul là-haut, il supervise l'extraction d'énergie envoyée vers la Terre. Il a laissé sa femme, Tess là-bas, pour les trois années que durent son contrat; trois années sans sa femme bien-aimée, trois années sans voir grandir sa fille, Eve; trois années qui arrivent à leur terme dans deux semaines seulement. Les quinze derniers jours sont les plus difficiles; Sam a des visions étranges, se fatigue rapidement... Lors d'une sortie de routine, son véhicule heurte un engin d'extraction, et il s'évanouit. Lorsqu'il se réveille, il ne se souvient pas de grand chose, mais Gerty, la machine en charge de son bien-être, lui conseille de dormir et de reprendre le travail une fois qu'il sera plus en forme. Il vient juste d'arriver, et il aura trois années pour établir sa routine...


Je ne sais pas vraiment pourquoi moi, grande fan de science-fiction, je suis passée en 2009 à côté de cette première réalisation de Duncan Jones. Je ne me souviens plus du tout non plus de ce qui m'a poussé à regarder ce film dernièrement. Peu importe, mieux vaut tard que jamais, Moon est une excellente découverte. Le pitch est absolument formidable: à la fois futuriste et totalement vieillot - la Lune est simplement un beau terrain gris, et les combinaisons spatiales ressemblent à des Bibendum fatigués -, intimiste sans besoin d'effets spéciaux de malade mental. Le film repose entièrement sur son unique acteur, Sam Rockwell, excellent dans ses deux rôles de clone usé/tout neuf sorti de l’œuf. Et Gerty, interprété par un Kevin Spacey planqué derrière son smiley expressif, est une machine subtile et loin des clichés robotiques.



On est donc coincé sur la Lune, paysage chiantissime et magnifique comme pas deux, avec seulement un bonhomme double et un ordinateur. Sincèrement, si cela ne vous donne pas envie de voir le film, je ne sais pas quoi dire d'autre. Un réalisateur, pour son premier film, peut tenter de taper gros, gagné par l'excitation d'une première réalisation. Mais Duncan Jones maîtrise et ne surenchérit jamais. Sa grande qualité est surtout de faire de Gerty un véritable personnage avec un cœur gros comme ça. Généralement, les machines, à force de vouloir suivre les préceptes d'Asimov, finissent par exterminer leurs créateurs. Gerty possède une véritable humanité, et fait le choix de protéger Sam et Sam, les deux clones qui finissent par se soutenir mutuellement.


L'autre chose assez gonflée que se permet le réalisateur, est de ne pas faire de deux clones des choses identiques; il est assez clair que les deux Sam proviennent des mêmes cellules d'un Sam original - rentré sur Terre? mort lui aussi? on ne saura pas. Mais, avec chacun leur update de souvenirs, et leur ancienneté ou pas dans la station lunaire, ils possèdent des personnalités différentes avec des souvenirs exactement semblables. Du coup, ce sont bien deux personnages, semblables physiquement, qui opposent des réactions variés aux évènements. Se trouver nez à nez avec son double, réaliser que son corps a des souvenirs de choses qui ne sont pas réellement arrivées, puisque sa naissance physique n'est pas si loin, voilà des concepts tordus que Duncan Jones a su gérer à la perfection.


Duncan Jones est donc un bonhomme à suivre, tout pétri de SF qu'il est; il a réalisé Source code en avril de cette année, que je n'ai pas vu non plus... Je vais rattraper mon retard!



Moon
de Duncan Jones
avec: Sam Rockwell, Kevin Spacey,...
sortie (pas française??): 2009

5 comments:

Manu said...

Un des très bon films (hard) SF de ces dernières années (avec le Sunshine de danny boyle). Sam Rockwell y est éblouissant ! C'est d'ailleurs ce qui fait la différence avec Source code, je pense , Gyllenhaal n'est pas au niveau de Rockwell. ca gréve un peu la qualité du film.
Cela dit c'est quand même pas mal. Il faut vite rattraper ton retard ^^

Fanny B. said...

@Manu
Oui, c'est prévu, le rattrapage de retard ;)

Qu'est-ce que tu appelles "hard SF", comparé à quel autre style de SF?

Manu said...

C'est ce qu'on pourrait appeler de la SF "réaliste" et cohérente en rapport avec ce que l'on sait de la science actuellement : Par exemple pas d'explosion dans l'espace comme dans les star wars, puisqu'il n'y a pas d'air pour propager le son ou pas de porte des étoiles qui font voyager plus vite que la lumière ... Mais c'est discutable (Contact)
Voir http://fr.wikipedia.org/wiki/Hard_science-fiction
Je pense a des films comme Sunshine bien évidemment ou encore gattaca, Solaris et bien sur 2001 qui fut le précurseur du genre au cinéma.

Fanny B. said...

ok ok, je vois! En gros, c'est la science-fiction pure et dure, avec la partie "science" la plus valable possible!

Manu said...

Voila, l'idée c'est d'éviter a tout prix les anachronismes par rapport a ce qu'on sait des lois de la physique pour que finalement la science deviennent un support "réaliste" (et je met de gros guillemets) pour raconter une histoire, sans pour autant en être le personnage principal.
d'un coté les 2001, blade runner et de l'autre les avatars , starwars et transformers.
Après la frontière est ténue sur certains films : je citais contact dans mon précédent commentaire, on pourrait aussi penser à Alien.

Enfin bon faut pas être un intégriste non plus , mais le genre se fait plutôt rare et la qualité encore plus , alors il faut se réjouir qu'on ai tout ça dans Moon ;)