Christine, handicapée par une sclérose en plaques, ne peut bouger que la tête et ne se déplace qu'en chaise roulante. Ses sorties sont les voyages qu'elle peut faire grâce aux groupes bénévoles souvent chrétiens. Elle se retrouver donc à visiter Lourdes, et ne peut s'empêcher, gagnée par la ferveur de ses compagnons qui croient au miracle, d'espérer aussi. A la fin du séjour, le miracle se réalise effectivement, et Christine se lève et marche.
Tout d'abord, je dois avouer qu'avec un tel pitch, je m'attendais à voir Christine se lever quasi immédiatement et m'attacher à ses pas maladroits tandis qu'elle aurait été regardée par des regards admiratifs/jaloux/envieux/etc. Soyez prévenus: Christine ne se lève que pour les 20 dernières minutes du film, et passe la majeure partie du temps assise, les poings serrées, à être baladée de son lit à sa chaise, des piscines d'eau de Lourdes aux grottes, et assiste à de nombreuses messes et processions. Même si j'attendais avec un peu d'impatience le miracle annoncé, j'ai beaucoup apprécié l’œil ironique mais jamais méchant d'une réalisatrice subtile sur une ville surfaite où les pèlerins viennent espérer une résurrection, prouver leur foi et prier une vierge qui se vend en vitrine au moins autant qu'une prostituée d'Amsterdam.
La critique n'est jamais directe, ni facile; tout tourne toujours autour de Christine, et tend à développer à la fois son scepticisme, et à faire naître un espoir. La galerie de personnages qui l'entourent sont cependant des phénomènes. Deux commères commentent le moindre miracle; un vieux type en fauteuil roulant ne balance que des paroles acides; une mère prie pour sa fille qui ne s'en rend pas vraiment compte; chacun tente de piéger l'homme de foi qui accompagne le petit groupe en lui posant des questions "pièges", desquelles il se dépêtre tant bien que mal; et chacun parle de cette voix douce et feutrée, assénant des généralités. Personne, finalement, n'ose refuser d'y croire, n'ose avouer qu'il doute.
Parmi ces personnages secondaires, certains se détachent. Ainsi, la "cheftaine scout" du petit groupe donnera tout son sens au miracle, en dévoilant ses propres faiblesses; c'est la plus douce, la plus fervente, qui semble porter les plus lourds secrets... Qu'est-ce que la foi, quand on n'applique pas ses principes d'honnêteté? La vieille femme qui partage la chambre de Christine n'est pas malade. Prie-t-elle pour ses proches, chaque matin devant cette statue de la Vierge auréolée d'un néon blafard, dans le hall de l'hôtel? Prie-t-elle pour Christine, pour les autres, pour les malades du monde entier... ou son rêve est-il juste de voir, et de participer au miracle? Enfin, la romance entre la jeune garde-malade pas forcément très croyante de Christine, et le bellâtre qui porte bien le costume militaire, met en valeur d'autres aspects de Christine, une fois guérie. La réalisatrice réussit donc toutes ses catégories de personnages, s'en servant pour brosser fidèlement et très ironiquement la population de pèlerins. Ces gens viennent à Lourdes pour voir le miracle... Leur foi ne peut se passer de preuves concrètes. Jessica Hausner conserve toutefois toujours à l'esprit son histoire et son personnages principal, et ne s'en détourne aucunement. Chaque détail qu'elle place chez un autre personnages sert son action principal, et caractérise un peu mieux Christine.
Sylvie Testud est fascinante de maîtrise dans ce rôle subtil, qu'elle a du tenir en dehors du tournage - imaginez tous les miracles sur le plateau, si elle avait pu se lever entre deux prises... L'hallelujah n'aurait jamais cessé d'être chanté! Les poings serrés, elle porte dans son regard tout son scepticisme, mais apprécie autant le voyage. Peu lui importe la religion, elle aime "bouger" autant qu'elle le peut. Une certaine rage, un ressentiment, combat également avec le renoncement. Et puis l'espoir fou des gens qui l'accompagnent lui est aussi peu à peu communiqué. L'incrédulité, la peur d'y croire aussi, finissent par combattre également dans ses yeux clairs. La fierté ensuite, se voit de nouveau dans ses yeux, car son corps maladroit, comme celui d'une enfant, ne peut encore réussir à la faire passer.
Lourdes est donc bien loin d'être un film sur la religion; ni même une caricature grossière d'un Disneyland pour croyants. La critique est plus fine que cela, et s'agrémente d'une petite tendresse pour tous ces idiots bienheureux qui vivent pour un beau sentiment, l'espoir, et l'altruisme. La guérison, qui qu'elle touche, est vécue comme un fait heureux, et tant pis si ce n'est pas encore la sienne mais celle d'un autre; cela signifie que tout est possible, et qu'on peut continuer de vivre avec la force d'y croire.
Parmi ces personnages secondaires, certains se détachent. Ainsi, la "cheftaine scout" du petit groupe donnera tout son sens au miracle, en dévoilant ses propres faiblesses; c'est la plus douce, la plus fervente, qui semble porter les plus lourds secrets... Qu'est-ce que la foi, quand on n'applique pas ses principes d'honnêteté? La vieille femme qui partage la chambre de Christine n'est pas malade. Prie-t-elle pour ses proches, chaque matin devant cette statue de la Vierge auréolée d'un néon blafard, dans le hall de l'hôtel? Prie-t-elle pour Christine, pour les autres, pour les malades du monde entier... ou son rêve est-il juste de voir, et de participer au miracle? Enfin, la romance entre la jeune garde-malade pas forcément très croyante de Christine, et le bellâtre qui porte bien le costume militaire, met en valeur d'autres aspects de Christine, une fois guérie. La réalisatrice réussit donc toutes ses catégories de personnages, s'en servant pour brosser fidèlement et très ironiquement la population de pèlerins. Ces gens viennent à Lourdes pour voir le miracle... Leur foi ne peut se passer de preuves concrètes. Jessica Hausner conserve toutefois toujours à l'esprit son histoire et son personnages principal, et ne s'en détourne aucunement. Chaque détail qu'elle place chez un autre personnages sert son action principal, et caractérise un peu mieux Christine.
Sylvie Testud est fascinante de maîtrise dans ce rôle subtil, qu'elle a du tenir en dehors du tournage - imaginez tous les miracles sur le plateau, si elle avait pu se lever entre deux prises... L'hallelujah n'aurait jamais cessé d'être chanté! Les poings serrés, elle porte dans son regard tout son scepticisme, mais apprécie autant le voyage. Peu lui importe la religion, elle aime "bouger" autant qu'elle le peut. Une certaine rage, un ressentiment, combat également avec le renoncement. Et puis l'espoir fou des gens qui l'accompagnent lui est aussi peu à peu communiqué. L'incrédulité, la peur d'y croire aussi, finissent par combattre également dans ses yeux clairs. La fierté ensuite, se voit de nouveau dans ses yeux, car son corps maladroit, comme celui d'une enfant, ne peut encore réussir à la faire passer.
Lourdes est donc bien loin d'être un film sur la religion; ni même une caricature grossière d'un Disneyland pour croyants. La critique est plus fine que cela, et s'agrémente d'une petite tendresse pour tous ces idiots bienheureux qui vivent pour un beau sentiment, l'espoir, et l'altruisme. La guérison, qui qu'elle touche, est vécue comme un fait heureux, et tant pis si ce n'est pas encore la sienne mais celle d'un autre; cela signifie que tout est possible, et qu'on peut continuer de vivre avec la force d'y croire.
Lourdes
de Jessica Hausner
avec: Sylvie Testud, Léa Seydoux, Bruno Todeschini,...
sortie française: 27 juillet 2011
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