Monday, August 1, 2011

Les contes de la nuit, de Michel Ocelot

Alors que dehors, la rue est chaos et que les immeubles l'étouffe, un petit théâtre lumineux accueille entre ses murs deux enfants imaginatifs. Avec l'aide d'un adulte qui tape à toute vitesse sur son vieux clavier et dégote des informations capitales, ils inventent des histoires, s'inspirent de légendes et jouent comme seuls les enfants peuvent le faire, endossant des costumes, s'investissant dans leurs personnages mythologiques des quatre coins du monde.


Me voilà dans une salle de cinéma alors qu'il fait beau dehors, encore une fois; mais il est assez rare que je me retrouve ainsi avec une telle ribambelle d'enfants; je suis la seule à ne pas avoir de faire-valoir de moins de 6 ans. Quatre gamines de tailles différentes portent la même robe rose; des couches salles se montrent sous les jupes qui se relèvent jusqu'à la taille alors que les petites filles glissent sur les escaliers; et il n'est pas cliché de dire que tous les petits garçons en culotte courte ont les genoux écorchés. Ce public ne trompe pas; le dernier film de Michel Ocelot est destiné aux enfants les plus jeunes, avec son discours simple et son graphisme de théâtre de marionnettes. Bien loin de l'exotisme de Kirikou et de son deuxième sens plus adulte, de sa moralité, Les contes de la nuit est un enchaînement de petites histoires basées sur des "et si on disait que j'étais la princesse/que j'étais un garçon indolent/que je portais une robe longue/etc" et qui se terminent en queue de poisson. Même lorsqu'il se base sur des contes précis, et alors qu'il pourrait choisir de perpétuer leur tradition, Michel Ocelot préfère dévier et replace des personnages existants dans d'autres sociétés, change la fin du conte,... Sans jolies fins, ni même un esprit de tradition, les petites histoires qui se jouent dans le théâtre dans la ville perdent de leur intérêt.


Par cette forme très courte, mais qui enchaîne des histoires qui n'ont aucun rapport les unes entre les autres, le film prend des longueurs et ennuie. On aurait finalement pu en tirer une jolie et poétique série, à la manière d'autres que je voyais étant petite: Les contes de Grimm notamment, utilisaient exactement ce procédé de théâtre marionnettes pour de petites histoires très traditionnelles; la simplicité du trait et l'aspect pédagogique du film rappelle également ce long-métrage animé sur lequel j'ai travaillé, Les Terres imaginées. Tout cela aurait donc parfaitement sa place à la télévision, mais pas vraiment au cinéma. Michel Ocelot, féru d'exotisme, a voulu mettre tous les pays du monde dans un seul film, et le mix est étrange...


Entre chaque conte, un plan ouvre de nouveau sur le petit théâtre, vu de l'extérieur, de nuit, entouré d'immeubles hauts aux fenêtres béantes. Les bruits de la ville résonnent, contrastant avec le calme et le feutre rouge des rideaux du théâtre, à l'intérieur. En plus que d'ouvrir une nouvelle séquence, ce plan semble signifier quelque chose. Il place en effet le monde imaginaire des enfants au centre, et contraste avec l'exotisme et les couleurs chatoyantes qui règnent dans leurs têtes. Mais j'extrapole sans doute, ayant cherché à mettre du sens dans cet amas de jolies historiettes qui s'enchaînent sans se ressembler. Le manque de cohérence global du film fait vraiment défaut aux Contes de la nuit.


N'hésitez donc pas à voir Les contes de la nuit en DVD, par petits morceaux, comme un rituel avant d'aller coucher les enfants par exemple. C'est une belle invitation au rêve pour les enfants. Au cinéma, les pauvres gamins risquent fort de décrocher, et de ne pas se souvenir de toutes les histoires qu'on leur assène en 1h30.



Les contes de la nuit
de Michel Ocelot
avec Julien Beramis, Marine Griset,...
sortie française: 20 juillet 2011

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