Bientôt le bilan de novembre pour le 365Project... Et 31 derniers jours!
Je continue à suivre des cours de photos à droite et à gauche, lorsque
j'ai le courage de me replonger dans le passionnant hors-série du
magazine Compétence photo qui détaille le RAW dans tout ce qu'il a de plus technique. Bonne nouvelle, l'émission de NoWatch, Premier Reflex,
est sortie du labo pour s'assumer en tant que quotidienne. Je trouve
qu'elle manque encore de personnalité, qu'elle hésite entre amateurisme
éclairé et détails plus professionnels. Mais elle s'affinera au fil du
temps, c'est certain. Et elle présente le grand avantage d'être claire
sur l'intitulé de chaque cours. Si c'est la profondeur de champ qui mène
l'émission, elle sera décortiquée en long, en large et en travers
(enfin pas assez, pas encore, mais ça viendra, l'émission est
prometteuse). Évidemment, rien ne vaut jamais le terrain, et ces "cours"
restent portés sur la technique. Il faut tester, habituer son œil à
saisir le détail et chercher à transcrire sa personnalité via
l'appareil. C'est plutôt ce que Photo for life, l'émission d'Arte, tente d'enseigner à ses apprentis photographes sous la houlette d'Oliviero Toscani.
Alors entendons-nous bien: si on se tourne trop vers la
technique, on oublie l'artistique, la sensibilité. Mais on ne peut pas
immortaliser son point de vue sur papier glacé sans connaître la
technique. Il n'y a rien de plus frustrant que de trouver de la beauté
et de ne pas savoir la retranscrire en appuyant sur le déclencheur. Mais
lorsqu'Arte décide de faire Photo for life, ce n'est pas seulement pour
se mettre au service de l'Art, ou d'un message plein de sens, et
accessible universellement; c'est surtout pour parler au commun des
mortels et à tous les téléspectateurs, ceux qui aiment et connaissent la
technique photographique... et les autres, surtout les autres, qui
constituent sans doute le gros de la cible. Photo for life, c'est avant
tout de la télé-réalité. Il y a des élèves, un maître qui ne mâche pas
ses mots, des épreuves à passer; des coups durs, des coups bas, des
abandons; et des amitiés, des rires, de la solidarité...
On suit, sur
une semaine, une master class. Six élèves ont été choisis par Oliviero
Toscani, jugeant des milliers de clichés pour dénicher de véritables
talents. Sans doute que la production l'a-t-elle quelque peu influencé.
Il y a la Parisienne, jeune, sensible, qui a du mal à s'exprimer à
l'oral; elle a de jolies jambes en plus de son talent. Il y a
l'Asiatique excentrique, qui cache un mal-être ou qui en joue, avec ses
clichés ensanglantés et ses costumes osés. Les six élèves brassent des
cultures différentes, viennent de milieux variés entre la France et
l'Allemagne, et sont suffisamment assortis pour permettre à la
production de trouver de quoi faire cinq émissions de 45 minutes
chacune. Chaque émission est construite de la même manière, un peu
lassante et redondante, mais efficace, tant qu'on n'a pas 20 épisodes de
prévus. Au matin, les élèves se retrouvent autour d'une table ronde, à
la Maison des Métallos; Oliviero Toscani fait son show, montre son
propre travail et introduit un publiciste, une galeriste, une rédactrice
en chef de magazine,... Le commanditaire entre en scène et expose son
besoin; les élèves ont alors un temps imparti pour trouver les bons
clichés, puis pour les retoucher. Ils se retrouvent ensuite autour de la
table pour comparer leurs travaux; Oliviero Toscani a évidemment son
mot à dire; le commanditaire, éventuellement, récompense le meilleur
élève par la promesse d'une publication, d'un partenariat... Enfin,
l'émission se clôt sur les impressions des élèves, seuls pour se confier
face à la caméra. J'ai réussi à oublier ce côté extrêmement
"télé-réalité" pour me laisser emporter, un petit peu. Qu'aurais-je fait
à la place des élèves? Quel sujet aurais-je choisi?
J'ai été agacée par le manque de technique; les photos délivrées, au
final, sont jolies. Mais on en trouve plein sur Tumblr, Instagram, ou
toute autre communauté photographique du net. Mais j'ai aimé certains
aspects de cette télé-réalité. Tout d'abord, personne n'en a entendu
parler; tous les épisodes sont en ligne gratuitement sur internet, et de
nombreux bonus, avis personnels et intimes, coulisses, sont disponibles
pour ceux qui veulent en voir plus. Cette manière de regarder une
émission est très agréable; on regarde si on veut, quand on veut, et ce
qu'on veut. On découvre un des élèves en particulier. Des concours ont
été proposés tout au long de la semaine. L'interaction est donc
absolument idéale, plus proche de la structure web, ouverte à tous, que
celle de la télévision, fermée, contrainte aux horaires et aux
audiences.
Oliviero Toscani, grand photographe de publicité, célèbre pour détourner au profit des marques une image choc, est également un des aspects positifs de ce show Arte. Il remplit son rôle de critique et de maître sûr de lui, un peu prétentieux, faussement catastrophé, volubile et plein de personnalité. Mais aussi et surtout, à travers toutes ses gesticulations, on sent un œil aiguisé, une curiosité, un comportement aux aguets. Il s'amuse, mais sait soudain être sérieux, professionnel. Il installe des lumières d'une main sûre, et, derrière sa perpétuelle critique "ne regarde pas ton écran", on perçoit une assurance du bon cliché. Les réglages, il les a au bout des doigts. Il n'y a plus qu'à trouver l'angle, le sujet. Alors, certes, ses enseignements semblent bien faibles en termes de technique, comme en terme de recommandations: "ne regarde pas ton écran", "sens ta photo", "sois attentif aux détails", "de la rigueur!",... Mais, dans le fond, il ressasse la base de la base, et proclame que la simplicité fait toujours mouche, qu'un regard objectif a toujours son importance, sans qu'on lui rajoute une signification trop complexe, trop impénétrable.
Photo for life est donc un joli coup, discret, d'Arte, pour tenter d'expliquer un art qui ne s'apprend pas vraiment. Les épisodes sont toujours disponibles sur le net.
Photo for life
du 21 au 25 novembre 2011 sur Arte
disponible sur Arte.tv
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