Saturday, August 25, 2012

Alice Springs, Charlotte Rampling, à la Maison Européenne de la Photographie

L'exposition sur Charlotte Rampling se termine demain... encore une fois, il faut que je vous conseille des jolies choses quand on ne peut plus les voir! Heureusement, pour les fans d'Alice Springs, vous avez jusqu'en novembre, ouf! Tout personnellement, j'ai cependant préféré les images de Charlotte Rampling... plus de liens avec le cinéma, peut-être? Elles respirent le mouvement, tandis qu'Alice Springs fige le temps dans ses portraits. Deux expositions bien différentes donc, à découvrir en même temps encore ce weekend.


Des images de Charlotte Rampling, d'abord, prises par des grands noms de la photographie: Helmut Newton, Jeanloup Sieff, David Lynch, Peter Lindbergh, Paolo Roversi - peut-être le plus cinématographique? Ils mettent tous en scène le regard magnétique de Charlotte Rampling, sous ses paupières lourdes qui n'atténuent en rien son pétillant. Les lèvres fines de l'actrice se moquent, semble-t-il. Elle a un corps androgyne - et féminin au possible -, sur lequel les années jouent, et tirent la chair vers le bas. Et pourtant, des années 80 à aujourd'hui, voire même, surtout aujourd'hui, Charlotte Rampling est un fascinant modèle.


Comme si cette débauche égocentrique la gênait - ou plutôt, elle s'en amuse -, elle a choisi ensuite des autoportraits de photographes. En face d'elle, ils semblent se cacher derrière leurs appareils, dans le cadre d'une porte, dans un reflet. Leurs visages tranchent avec celui de Charlotte Rampling qui s'offre, se donne, à la caméra, celle du cinéma comme à l’œil de l'appareil photo.


Sa voix résonne, ironique, un peu, toujours riante, à l'étage de l'exposition. Ses photos à elle, par elle, capturées en triple, en quadruple, mitraillent sa famille, ses enfants, ses amis. Ces avalanches de déclics sont obsessionnelles et saisissent le mouvement d'une heure ou d'une journée entière. Charlotte Rampling est mouvement perpétuel.


Au contraire, Alice Springs saisit un dixième de seconde et fige éternellement. Les photos de jet-setteurs de la femme d'Helmut Newton chantent toujours la même ritournelle. Qu'on en reconnaisse ou pas les modèles, la mise en scène dans une lumière de studio les placent tous sur le même piédestal, au-dessus du commun des mortels. Ils semblent hautains. Malgré tout, ces modèles ont, face à Alice Springs, un extraordinaire naturel et une grande spontanéité dans cette lumière pompeuse.


La fraîcheur de la photographe transparaît mieux dans les campagnes publicitaires qu'elle fait pour Jean Louis David, ou dans les séries modes pour le magazine Dépêche mode. Dans le contexte de la rue, ses mises en scène se révèlent tout aussi réfléchies que pour ses portraits. Mais, cette fois, elle invente des situations cocasses. Les jeunes femmes qu'elle photographie sont toujours aussi belles et inaccessibles, mais, dans ce nouveau décor, reprennent de l'innocence et deviennent enfantines ou ingénues.


Dans ces portraits d'anonymes pour une marque, Alice Springs insuffle une personnalité inventée de femme qui s'amuse du succès.


Alice Springs
jusqu'au 04 novembre 2012
Charlotte Rampling
jusqu'au 26 août 2012

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