Antoine, enfant, ne souhaite qu'une seule chose pour son avenir; Antoine, quand il sera grand, sera le mari d'une coiffeuse. Depuis ses maillots de bain en laine tricotée, depuis son amour inconditionnel pour la rousse et odorante coiffeuse chez qui il guettait l'ouverture d'un corsage, Antoine a cherché cet amour et le trouve. Son souhait est exaucé, il coule des jours heureux, avec seule sa coiffeuse à ses côtés.
Cet étrange pitch a été pondu par Patrice Leconte, qui a mis son compagnon de toujours, Jean Rochefort, au rôle principal. Et c'est une performance que livre l'acteur, grave, seul face à la caméra, en voix off, contant ses désirs, dansant sur des musiques orientales pour les yeux et le sourire de sa belle, évidemment pour la caméra et les spectateurs qui sont les yeux de Madeleine. Jean Rochefort donne du coffre à cet esquisse de fou rêveur qui aurait pu être désincarné par tout autre que lui. Un garçon qui devient homme et dont le seul but est de tomber amoureux, cela ne suffit pas, a priori, pour réussir à caractériser un personnage. Et pourtant, Jean Rochefort donne l'entière importance de cette ambition, et projette le personnage d'Antoine dans une dimension suffisante pour soutenir un film.
Il est aidé en cela par un scénario intelligent, tout concentré sur son titre; le mari de la coiffeuse, c'est Antoine enfant dans son maillot de bain qui lui irrite les parties; c'est Antoine gamin qui se déhanche face à la mer, c'est lui qui lorgne sur les seins de la coiffeuse; c'est aussi Antoine adulte qui trouve d'un coup d'un seul son objectif et lui demande de but en blanc le mariage; c'est Antoine grand gringalet qui se souvient d'Antoine enfant, et qui est heureux, enfin de cette consécration par le mariage. La moindre scène du film est tournée vers ce moment, et jamais Patrice Leconte ne s'en détourne. Sa caméra est soit tournée vers la peau, les cheveux, d'une coiffeuse, comme le regard d'Antoine sur une femme; soit placée face à Antoine qui fait le pitre pour sa femme, qui charme, qui adore.
Patrice Leconte revendique son addiction à la beauté féminine, et ne l'a jamais probablement autant exprimée que dans ce film. Du désir d'Antoine enfant, à la satisfaction d'Antoine adulte, Le mari de la coiffeuse suinte d'envie de sexe. Les mots mêmes, ni crus, ni vulgaires, sont pourtant criants de désir. C'est d'ailleurs parfois là que le film perd un peu de son intensité magique, lorsqu'il s'éloigne du désir pour aller vers le quotidien, en dehors d'Antoine et de sa coiffeuse. Dès que d'autres personnages entrent en scène, et qu'on sort du poème vécu par Antoine, le réel prend des accents d'ennui; tout comme Antoine, on préfèrerait ne pas les voir, ne pas les entendre, et rester enfermés dans le salon de coiffure.
Voilà un film du prolifique et inclassable Patrice Leconte qui raconte un peu plus de son mystère et de sa grande simplicité tout à la fois.
Il est aidé en cela par un scénario intelligent, tout concentré sur son titre; le mari de la coiffeuse, c'est Antoine enfant dans son maillot de bain qui lui irrite les parties; c'est Antoine gamin qui se déhanche face à la mer, c'est lui qui lorgne sur les seins de la coiffeuse; c'est aussi Antoine adulte qui trouve d'un coup d'un seul son objectif et lui demande de but en blanc le mariage; c'est Antoine grand gringalet qui se souvient d'Antoine enfant, et qui est heureux, enfin de cette consécration par le mariage. La moindre scène du film est tournée vers ce moment, et jamais Patrice Leconte ne s'en détourne. Sa caméra est soit tournée vers la peau, les cheveux, d'une coiffeuse, comme le regard d'Antoine sur une femme; soit placée face à Antoine qui fait le pitre pour sa femme, qui charme, qui adore.
Patrice Leconte revendique son addiction à la beauté féminine, et ne l'a jamais probablement autant exprimée que dans ce film. Du désir d'Antoine enfant, à la satisfaction d'Antoine adulte, Le mari de la coiffeuse suinte d'envie de sexe. Les mots mêmes, ni crus, ni vulgaires, sont pourtant criants de désir. C'est d'ailleurs parfois là que le film perd un peu de son intensité magique, lorsqu'il s'éloigne du désir pour aller vers le quotidien, en dehors d'Antoine et de sa coiffeuse. Dès que d'autres personnages entrent en scène, et qu'on sort du poème vécu par Antoine, le réel prend des accents d'ennui; tout comme Antoine, on préfèrerait ne pas les voir, ne pas les entendre, et rester enfermés dans le salon de coiffure.
Voilà un film du prolifique et inclassable Patrice Leconte qui raconte un peu plus de son mystère et de sa grande simplicité tout à la fois.
Le mari de la coiffeuse
de Patrice Leconte
avec: Jean Rochefort, Anna Galiena, Michèle Laroque,...
sortie française: 1990
4 comments:
"Cet étrange pitch a été pondu par Patrice Leconte, qui a mis son compagnon de toujours, Jean Rochefort, au rôle principal." c'est surement le meilleur film de Patrice Leconte avec Monsieur Hire ... mais il me semble que Patrice et Jean ont été fâches pendant pas mal d'années suite aux déboires sur "les WC étaient fermés de l'intérieur".
@Anonymous
Effectivement, ils n'ont jamais réellement été en très bon termes... Et pourtant, vois le nombre de films qu'ils ont tourné ensemble! D'où le "compagnonnage"..
Ce film a gravé ma mémoire d'une douce mais cruelle image de la sensualité. Ca restera comme l'une de mes madeleines.
Ca me donne envie de le revoir . Merci fanny
@ph3nyx
Ca me fait plaisir. D'autres films de Patrice Leconte à venir ici...
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