Wednesday, July 25, 2012

La vie sans principe, de Johnnie To

Teresa travaille dans une banque. Peu apte à escroquer ses clients, et leur vendre des placements risqués, elle risque fort d'être licenciée. Devant elle, un bon client qui place sans les jouer ses millions souligne l'importance de sa fraude, alors que lui-même prête avec des intérêts moindres, mais dans l'illégalité. Se retrouve aussi dans son bureau Connie, qui souhaite acheter un appartement, mais son mari, honnête détective, est bien trop pris par son travail pour se soucier de leurs finances. Il traque sans cesse des brigands à la petite semaine qui s'entretuent pour cet argent. Panther est justement de ceux-là, entre la richesse et le vide de ses poches. Alors que la Bourse s'effondre et plonge le monde dans une crise sans précédent, chacun revoit son rapport à l'argent.


Terriblement ancré dans l'actualité, La vie sans principe s'attache a montrer la réalité telle qu'elle est, en soulignant particulièrement ses non sens et sa cynique ironie. Cet objectif passe par une image crue, à la lumière peu retravaillée. Je déteste généralement le trop de réalité dans un film; pour moi, l'esthétique cinématographique doit, pour cibler son message, gommer certains aspects réels. Tout comme on met le focus sur le sujet en photographie, le cinéma se doit de se différencier du documentaire. Ce n'est évidemment que mon opinion très subjective et je ne détiens pas la science infuse du cinéma! Chacun se fera son avis, mais c'est ce que je recherche lorsque je vois un film.


La caméra de Johnnie To a beau ne pas avoir l'air trop travaillée, elle se place pile au bon endroit et prend la bonne lumière, suffisamment pour rester dans la fiction. Le réalisateur romance et grossit les traits de caractère de ses personnages, et fait s'entrecroiser leurs destins dans un scénario qui prend l'histoire à rebours. L'écriture du film permet donc de rester dans l'idée que je me fais du cinéma, tout en collant à la réalité.


Le thème du film est donc bien géré, et si je ne suis pas non plus super fan de cette histoire à rallonge, parfois un peu tordue et qui prend trop le temps de nous expliquer comme à des enfants - cela dit, avec une explication plus compliquée, je n'aurais rien compris, je l'avoue, un peu comme dans Margin call - l’intérêt des banques, les placements hasardeux à la Bourse, les jeux d'argent, j'ai beaucoup ri - parfois jaune ou gris* - à la description des enjeux de chacun et des retournements de veste. Les loosers peuvent devenir riches, les financiers tout perdre et les purs et innocents jouer de chance... ou de malchance.


Il est donc dit que rien ne se maîtrise vraiment dans la finance, quel que soit le niveau d'investissement... L'humour grinçant de ce message suffit à faire le film.


La vie sans principe
de Johnnie To
avec: Lau Ching-Wan, Denise Ho, Richie Ren,...
sortie française: 18 juillet 2012


* gris, j'ai décidé qu'on riait de cette couleur quand c'est aussi ragoutant que drôle, comme un meurtre surprenant par exemple...

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