Monday, September 30, 2013

Mon âme par toi guérie, de François Dupeyron

Sa mère vient de mourir en lui léguant, son pouvoir de guérisseuse, du moins c'est ce qu'affirme son père; Fredi ne veut pas y croire. Sa vie, entre son meilleur ami, sa femme et leurs enfants, son job de tailleur de branches, sa caravane, est cependant perturbée à partir de ce moment. Il ne peut qu'accepter ce don.


Le pitch est improbable et introduit un élément fantastique dans un univers férocement ingrat. L'image est crue, la lumière sans fard et le contexte social difficile. Bon, la lumière, c'est parce que Dupeon a eu du mal à trouver son financement. Qui dit petit budget, dit équipe réduite, dit lumière "réaliste". Il en prend le meilleur parti possible, celui de l'illumination, de l'éblouissement du spectateur. Ca va bien à son intrigue, dont on ne sait si le point de départ est, ou pas, des paillettes dans les yeux, du boniment, ou du fantastique, ou un don réel. Vrai ou pas, ce pouvoir de guérison que possède Fredi ne sera jamais remis en cause; plutôt que de mener le film vers la science-fiction, il le tire vers la poésie. Le milieu provincial en bord de mer, déprimant hors-saison, se peuple d'amis entre lesquels les petites trahison ne remettent pas en cause les relations profondes. La même routine les unit, le chômage, l'ennui et la boisson aussi.


Dans ce contexte banal, le soleil brille toujours - de préférence dans la caméra donc, illuminant l'écran -, et Fredi, dans sa douceur et ses silences, est comme cette chaleur douce dans un monde froid. Grégory Gadebois est formidable, au milieu d'autres acteurs, qui parlent trop, trop vite, bougent sans conviction et pleurent trop fort. La force physique visible de Fredi tranche avec la grande délicatesse de son personnage.


Un élément survient, tard dans le film - l'ensemble aurait pu être amputé de trente minutes, peut-être, pour faire arriver Nina plus rapidement. Céline Sallette, plus frêle, alcoolique, tout aussi poétique, fait tout mieux encore que les autres. Même Fredi, à côté d'elle, parait soudain pesant, balourd, à côté de la plaque. Céline Sallette déclame mieux, dans ce milieu vulgaire, les jolis dialogues du réalisateur/scénariste. Elle crée un écart toujours plus terrible entre le contexte décrit, et la manière dont il est abordé.


Au bout de deux heures, on perd donc un peu le fil, mais l'essentiel est là, dans la poésie qu'insuffle le réalisateur dans un sale univers. Dommage que les acteurs ne soient pas tous aussi excellents que les deux interprètes principaux, Grégory Gadebois, qui se fait lui-même aussi souffler la vedette par sa partenaire, Céline Sallette.


Mon âme par toi guérie
de François Dupeyron
avec: Grégory Gadebois, Céline Sallette, Jean-Pierre Darroussin,...
sortie française:  25 septembre 2013

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