Albertine se casse l'astragale en sautant par-dessus le mur de la prison. Ramassée sur le bord de la route par Julien qui la soigne et la cache, Albertine, d'origine algérienne et maintenant fugitive, prend l'identité de Sophie, française et blonde. A Paris, elle évite les descentes de police dans les rades où elle se dissimule. Julien, interdit d'entrée à Paris, y revient parfois pour la voir, entre deux mauvais coups.
Le noir et blanc, la gouaille, les pavés, les cafés et les ballons de rouge, le film aurait facilement pu basculer dans le cliché, avec en plus ce parfum de romance dont le ton est donné par le titre. L'astragale n'est cependant pas le nom d'une étoile (ou autre petite chose mignonne que le mot inspire) mais un petit os qui, cassé, oblige Albertine à boiter et l'empêche de porter des talons hauts. Et le contexte est aussi pragmatique que la toute jeune femme est volontaire. Sa cavale ne dépasse pas le périphérique, elle est toujours en prison de chambre d'hôtel en chambre d'hôtel et de corps en corps ; son histoire d'amour est solitaire, Julien absent.
Les rares apparitions de ce dernier les réunissent pourtant comme des gamins et se construit petit à petit la révélation d'un amour véritable. Albertine joue la dure à cuire et se découvre au fil des mots qu'elle écrit sans cesse, comme pour se libérer, plus fragile qu'elle ne le pense, et dépendante de Julien. Cette révélation, connue des spectateurs, surprenante pour les protagonistes, se construit avec justesse et sensibilité, sans excédent de sentimentalité.
L'astragale
de Brigitte Sy
avec : Leïla Bekhti, Reda Kateb, Esther Garrel,...
sortie le : 8 avril 2015
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