Jafar Panahi ne peut pas sortir de son pays et n'a pas le droit d'y exercer son métier. Depuis ces interdictions, c'est pourtant le 3ème film qu'il réalise. Cette fois-ci, il sort de son appartement pour arpenter les rues de Téhéran sous sa casquette de chauffeur de taxi. Ses clients peignent dans leurs conversations la vie à Téhéran, entre censure et répression.
De storiette en storiette, et sous un aspect documentaire, Jafar Panahi tisse cependant une plus grande toile et s'exprime, non pas au hasard des clients embarqués dans son taxi, mais précisément sur le sujet de son choix. Ce sujet, c'est le cinéma, la répression qu'il subit, celle de la culture et de l'art. Le réalisateur critique aussi plus généralement le régime iranien et condamne ouvertement la peine de mort.
Son discours engagé se passe de cris ; Jafar Panahi reste plein d'amour pour son pays et pour ses habitants. Cette tendresse particulière se retrouve dans les remarques innocentes de sa nièce, qui l'interroge à propos de son métier et porte un regard plein de vivacité sur ses réponses et les rencontres qu'ils font tous les deux. De ces rencontres naissent aussi des situations cocasses qui allègent le propos. Jafar Panahi joue de la manie qu'a tout un chacun de capturer des images avec des téléphones portables et autres moyens technologiques pour sortir de l'espace réduit du taxi. L'humour et ces astuces font de Taxi Téhéran un film jamais oppressant.
Le film n'est pas seulement une diatribe contre la censure, un pied de nez au régime politique, c'est une pépite d'ingéniosité et une preuve d'amour au cinéma.
Taxi Téhéran
de Jafar Panahi
sortie le : 15 avril 2015
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