Monday, April 13, 2015

Lost river, de Ryan Gosling

Dans une ville quasi détruite, de laquelle les habitants fuient, une mère et ses deux fils, l'un adolescent, l'autre tout petit, survivent. Pour garder sa maison, la mère doit se vendre ; Bones, son fils, collecte du cuivre à ses risques et périls, car Bully arpente les rues comme un roi et découpe les lèvres de tous ceux qui sont sur son chemin.


Pauvre pauvre Ryan : il a vu son film sortir, non pas sur les écrans, mais directement en VOD aux Etats-Unis et a tout de même bénéficié d'une sortie française. La bande-annonce apocalyptique aux sonorités Dead's man bones et au casting d'enfer vendait pourtant pas mal le film. Mais je dois reconnaître le bon goût des Américains qui n'ont pas voulu se laisser tenter.


Les images de la bande-annonce passent en boucle durant 90 minutes : des paysages tuméfiés, des gueules colorées, des maisons en flamme, un chaos silencieux et dépeuplé. Ryan Gosling prend de beaux clichés d'un monde en ruine, et s'éclate avec sa caméra. Ses influences, il les a toutes mises dans son film : caméra à l'épaule, long travellings, zooms, des réalisateurs qui l'ont dirigé (Derek Cianfrance et Nicolas Winding Refn), mais aussi David Lynch, et bien d'autres sans doute, du cinéma burlesque... Le réalisateur de Lost River n'a pas trouvé son style propre.


Et en se consacrant à son image, à l'atmosphère particulière de son Lost river, il oublie qu'un film, c'est un scénario. Ou peut-être a-t-il compté sur ses acteurs pour donner du corps à son histoire et ses personnages. Mais quelle mère, tout d'abord, resterait attachée à sa baraque, dans une ville où ses fils n'ont pas d'avenir, où elle est obligée d'accepter les propositions indécentes de son banquier ? Et quelle femme ne peut pas joindre les deux bouts mais ne se trimballe qu'en taxi ? Bones, lui, se fait balader par sa jeune voisine, perchée, qui compose de la musique dans la nuit et ressasse de vieilles légendes.


On frôle la catastrophe honteuse quand Ryan Gosling met en scène un viol en montrant l'image d'un rat décapité... la même pudeur quand il s'agit de montrer la mère prostituée, comme si elle s'attendait au respect de son banquier véreux.


Le réalisateur doit s'affranchir de ses maîtres s'il souhaite continuer sur cette voie. Sinon, hop, retour au rôle d'acteur, où il n'est pas mauvais, après tout.


Lost river
de Ryan Gosling
avec : Iain De Caestecker, Christina Hendricks, Saoirse Ronan,...
sortie le : 8 avril 2015


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