Ann surprend l'homme avec qui elle vit depuis plus de quinze ans en train d'embrasser une autre. Alors qu'elle l'observe au milieu de la nuit, surgi de nulle part un ancien ami d'enfance, Georges. Ann, musicienne, décide de tout laisser tomber, son mari, son appartement, ses pianos, ses tournées en préparation. De tout laisser tomber sauf Georges, le seul qui sait qu'elle part et abandonne tous les autres.
Ann a déjà changé de nom. Georges se souvient d'elle sur les plages de Bretagne comme d'Eliane. Sans le dire, on devine qu'Ann-Eliane a déjà vécu cette envie de tout effacer. Elle n'avait alors abandonné que son nom, reniant celui de ses géniteurs. Cette fois-ci, méthodiquement, Ann efface tout. On la suite dans cette frénésie radicale qu'elle a de se couper du monde; le réalisateur s'attache à des gestes matériels: la fermeture totale de son compte en banque, la vente de son appartement, ses vêtements enfermés dans de gros sacs plastique jetés à la poubelle. Son mari, dans cette lente dé-construction de son identité, n'est qu'un obstacle mou et sans grande volonté, sur son passage. On se rend compte qu'il compte bien moins qu'une absence qu'elle déplore chez les autres, pleurant pour eux la mort de leurs proches; elle a en elle un deuil pas tout a fait consommé, qu'elle ne peut pas pleurer pour elle même.
Puis, Ann part. Même à Georges, elle ment sur sa destination. A chaque étape, elle achète une tenue, et jette le superflu lorsqu'elle débarque ailleurs. C'est sur une île qu'elle trouve la villa Amalia, que le père de la tenancière avait fait construire pour une femme. Ann trouve enfin son antre, son endroit où se poser et se reposer. Tout ce temps montre une Isabelle Huppert magistrale, entêtée et silencieuse. Tout se joue dans son regard, dans des cheveux qu'elle coupe, dans une respiration qu'elle reprend.
Malgré une volonté de changer de vie, il ne se passe pas grand chose dans ce film. Bizarrement, il me vient à l'idée qu'il est terriblement "cinéma français d'auteur": tout se déroule sans mot dire mais sans réel enjeu non plus. Benoît Jacquot a beau tenter des techniques différentes selon le lieu et l'état d'esprit dans lequel se trouve Ann (le plus caractéristique étant sans doute la petite ville italienne filmée caméra à l'épaule; les nombreux subjectifs d'Ann sont aussi à souligner), il n'amène rien de nouveau. Même Isabelle Huppert ne parvient pas à transcender ce creux du scénario. Des idées sont présentes, celle d'une troisième identité, le bonheur de découvrir le passé de deux anciens amis sans qu'ils le traduisent par des paroles. Mais cela est fait de manière un peu lourde, justement, pour que le spectateur saisisse tout de même l'essentiel - la tentative de sensualiser Giulia, une jeune italienne par exemple, explicitement attirée par Ann, est à la fois longue en durée et les regards appuyés de bout en bout de la jeune fille vers Ann manquent totalement de subtilité sur une séquence d'une telle longueur. Les images et la performance d'Isabelle Huppert ont beau être belles, on s'ennuie.
Puis, Ann part. Même à Georges, elle ment sur sa destination. A chaque étape, elle achète une tenue, et jette le superflu lorsqu'elle débarque ailleurs. C'est sur une île qu'elle trouve la villa Amalia, que le père de la tenancière avait fait construire pour une femme. Ann trouve enfin son antre, son endroit où se poser et se reposer. Tout ce temps montre une Isabelle Huppert magistrale, entêtée et silencieuse. Tout se joue dans son regard, dans des cheveux qu'elle coupe, dans une respiration qu'elle reprend.
Malgré une volonté de changer de vie, il ne se passe pas grand chose dans ce film. Bizarrement, il me vient à l'idée qu'il est terriblement "cinéma français d'auteur": tout se déroule sans mot dire mais sans réel enjeu non plus. Benoît Jacquot a beau tenter des techniques différentes selon le lieu et l'état d'esprit dans lequel se trouve Ann (le plus caractéristique étant sans doute la petite ville italienne filmée caméra à l'épaule; les nombreux subjectifs d'Ann sont aussi à souligner), il n'amène rien de nouveau. Même Isabelle Huppert ne parvient pas à transcender ce creux du scénario. Des idées sont présentes, celle d'une troisième identité, le bonheur de découvrir le passé de deux anciens amis sans qu'ils le traduisent par des paroles. Mais cela est fait de manière un peu lourde, justement, pour que le spectateur saisisse tout de même l'essentiel - la tentative de sensualiser Giulia, une jeune italienne par exemple, explicitement attirée par Ann, est à la fois longue en durée et les regards appuyés de bout en bout de la jeune fille vers Ann manquent totalement de subtilité sur une séquence d'une telle longueur. Les images et la performance d'Isabelle Huppert ont beau être belles, on s'ennuie.
Villa Amalia
de Benoît Jacquot
avec Isabelle Huppert, Jean-Hugues Anglade, Xavier Beauvois,...
sortie française: avril 2009
de Benoît Jacquot
avec Isabelle Huppert, Jean-Hugues Anglade, Xavier Beauvois,...
sortie française: avril 2009
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