1996 en Algérie, les moines Cistériens de Tibhirine sont enlevés et tués. Bavure de l'armée algérienne, décision d'un groupe extrémiste? L'affaire n'est jamais élucidée. Xavier Beauvois s'est inspiré de ce fait véridique pour raconter la vie de huit moines, vivant en paix avec les habitants du petit village tout proches, musulmans, et qui ont préféré rester sur place, refusant la protection par les armes, alors qu'autour d'eux, la haine des étrangers faisait monter les tensions et cracher le feu des fusils.
Adoré par la critique, salué par le Grand Prix du festival de Cannes en 2010, récompensé en 2011 par le César du Meilleur film - entre autres récompenses -, Des hommes et des dieux est sorti en septembre 2010 et passe toujours dans la seule salle d'un petit cinéma tout près de chez moi. A priori, le public s'y presse encore, et c'est toujours aussi surprenant quand on pense au sujet du film, à sa longueur, à sa lenteur. Je n'y allais pas à reculons, mais je n'y ai certainement pas foncé tête baissée non plus, me méfiant souvent des succès publics; je n'ai pas souvent le même goût que cette majorité des Français, qui se rend au cinéma une fois par an pour être divertie. Le sujet de la religion me rebute aussi: je déteste être embrigadée et qu'on tente de m'asséner une vérité qui n'est pas forcément la mienne. Mais il y a eu ce César, un engouement qui ne faiblit pas, et il faut bien se faire sa propre idée.
Heureusement, et ce qui justifie les critiques et les succès, c'est avant tout l'histoire qui prime. La religion est là, pas ostentatoire, pas démagogique. Dieu est même sacrément ridicule, parfois, quand un grand barbu fort en chair et en muscle vient pleurer en tirant le bas de sa robe - pas sûre que cette sensation ait été désirée par le réalisateur, toutefois. Les musulmans ne jugent pas, ne demandent pas non plus qu'on valide leurs croyances. On voit d'abord une vie en communauté, on entend des champs à la gloire du Christ ou des prières arabes. Les moines réunis là veulent simplement leur tranquillité, faire du bien autour d'eux, à petite échelle, guérir quelques bobos, cultiver trois tomates, et être retirés des affaires de ce monde. Assez pudique, simplement mis en scène, et bénéficiant d'une très jolie photographie, le film remplit la plus basique fonction cinématographique, celle de raconter, et d'offrir un cliché juste du monde contemporain.
Je ne dis pas que je n'aurais pas supprimé deux ou trois regards humides vers le ciel, que j'aurais aimé une once de cynisme quelque part - ces gens qui ne vivent que pour la bonté, c'est parfois écœurant -, mais j'ai été touchée, dans certaines scènes, par une belle épure, une rigueur, et surtout cette lumière sur des visages marqués. Et puis ça fait plaisir de voir que "la masse" peut s'énamourer d'un film pas si facile, pas si évident - pas Les choristes ni Les Cht'is quoi... Des hommes et des dieux est sorti ces jours-ci aux Etats-Unis, sur une poignée d'écrans, et les Américains lisent le film différemment. Le film n'a en tout cas pas fini de passionner, et c'est tant mieux.
Des hommes et des dieux
de Xavier Beauvois
avec Lambert Wilson, Michael Lonsdale, Olivier Rabourdin,...
sortie française: 08 septembre 2010
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