Deux amis, l'un poète, l'autre réalisateur, se retrouvent autour d'une tasse de saké avant de se séparer; le réalisateur part au Canada et souhaitait avant de partir dire au revoir à son ami. Tous deux reviennent de vacances passées dans la même ville portuaire, où ils ne se sont jamais croisés tout en fréquentant pourtant les mêmes protagonistes, les mêmes restaurants, et se heurtant aux même difficultés d'aimer.
La forme étrange de ce film coréen transpire les intentions du réalisateur, féru de spontanéité, de non-préparation. Son film, avant tournage, s'appuyait sur un scénario de cinq lignes. Sa caméra, tranquillement, suit ce que les acteurs donnent, et en résulte un aspect qui se place entre le film de vacances, et un joli cinéma, tant cette caméra, qui paraît amatrice au premier abord, sait capter les meilleurs moments, raconter par l'image et ne pas se précipiter. Le film se découpe en séquences croisées, chacune lancée en voix off par l'un des protagonistes. Tour à tour, entre deux tasses de saké, l'un et l'autre raconte son voyage, ses rencontres et ses découvertes. Entrecoupé d'images fixes, comme des clichés entre amis, le film se construit de plus en plus, laissant la voix off de côté et laissant les personnages s'exprimer librement par leurs actes.
L'enchevêtrement de leurs histoires provoque l'intérêt du spectateur, qui aurait pu être fatigué de ces incessants tourments mélancoliques et de ces errances coréennes dans des décors pas forcément grandioses. Mais les liens qui les relient sans qu'ils le sachent donnent un aspect assez excitant à l'histoire. Nos deux compères, qui continuent à trinquer, évoquent tous deux des personnages secondaires importants, qu'on revoit par les yeux de l'un, puis les yeux de l'autre. Ce couple, qui figure sur l'affiche du film, est finalement plus présent que les deux amis! C'est un jeune garçon qui se veut poète, aux idées arrêtées et au physique de rêve qui fait craquer les jeunes filles; et une jolie fille dont l'innocence dissimule un appétit pour le sexe et les aventures. Ce couple joue un rôle important dans l'histoire, au point d'être mis en avant pour la promotion du film. Ce sont eux qui font basculer les amours des protagonistes principaux d'un côté de la balance ou de l'autre.
On retrouve également la mère du cinéaste, dont les deux facettes, celle de la mère qui dissimule ses sentiments à son fils, et celle de la tenancière qui lève haut le coude pour vider sa tasse de saké, et offre son amour maternel à ses clients fidèles, est un personnage haut en couleurs; il y a aussi, évidemment, la jolie guide dont le cinéaste tombe amoureux. On revient alors au thème principal, celui du couple, qui ne sera pas résolu de la même manière par les deux amis, qui boivent, encore et encore.
Le cinéma coréen est un genre à part, et Hong Sangsoo un réalisateur étrange et fascinant de simplicité et de maîtrise cinématographique mêlées. Son penchant pour les histoires d'amour teintées d'ironie montre un cinéma coréen qui mériterait de s'exporter plus souvent en France.
Ha ha ha
de Hong Sangsoo
avec Kim Sang-Kyung, Moon So-Ri, Jun-Sang Yu,...
sortie française: 16 mars 2011
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