Thursday, May 26, 2011

Le complexe du castor, de Jodie Foster

Walter est en dépression depuis deux années, au cours desquelles sa famille s'est dissoute et les intérêts de son industrie familiale se sont dégradés. Sa femme ne supporte plus qu'il dorme toute la journée; son fils aîné tente de gommer toutes ses similitudes avec lui; son fils cadet s'efface de toute vie sociale; et son entreprise de jouets coule lentement. Walter, chassé de chez lui, touche le fond, ne réussit même pas à se suicider. Soudain, presque contre son gré, il trouve la solution sous la forme d'une marionnette de castor à travers laquelle sa personnalité peut s'exprimer positivement; Walter disparait, et le Castor prend sa place pour le plus grand bonheur de tous, sauf de son fils aîné Porter qui le prend pour un fou.


Jodie Foster en est déjà à sa troisième réalisation, mais Le complexe du castor a la particularité d'éclabousser un peu plus l'univers cinématographique, grâce à sa sélection cannoise. Ses deux précédents films dataient de 1992 et 1996; il semble donc que la réalisatrice ait besoin de trouver un projet réellement motivant pour se lancer, et elle a trouvé dans le scénario de Kyle Killen suffisamment d'inspiration. Jodie Foster convainc également Mel Gibson de travailler avec elle, et Le complexe du castor, en remettant au devant de la scène deux acteurs/réalisateurs quelque peu oubliés, suscite au moins autant de curiosité que le personnage de Walter qui s'exprime au travers d'une marionnette.


Mel Gibson se montre extrêmement juste, autant en Walter déprimé-endormi qu'en père-castor enthousiaste et chef d'entreprise novateur. Lui, tout comme les autres acteurs, confirmés ou pas - Jodie Foster, sur les écrans depuis ses 10 ans, Anton Yelchin et Jennifer Lawrence qui débarquent - restent dans un ton très juste, sobre et pourtant torturés par des passions déchirantes - la dépression, la folie, la perte d'un être cher. La réalisation de Jodie Foster est dans la même juste mesure, élégante, simple.


La simplicité du film l'est parfois un peu trop, que ce soit dans des mouvements de caméra et des cadres qui ne retentissent jamais, et ne distinguent pas un "style Jodie Foster" parmi d'autres. Le scénario surtout, malgré un pitch étonnant et maîtrisé, pêche par la redondance de ses parallèles. L'histoire d'amour de Porter et Norah, évoluant en même temps que la maladie de Walter, est tissée de fil blanc. Cette intrigue aurait pu joliment souligner les progrès et les rechutes de Walter, si elle n'avait été que secondaire; mais les deux scénarios sont mis sur le même plan, un peu maladroitement. De même, chaque évolution de la psychologie de Walter se reflète sur tous les autres personnages, dans tous ses décors principaux, depuis le cadre familial de la maison à son bureau et son entreprise.


Ce sont des défauts mineurs, des maladresses de jeune réalisatrice presque touchantes au vu de sa longue expérience; il ressort surtout du Complexe du castor une jolie sensibilité bien interprétée.


Le complexe du castor
de Jodie Foster
avec: Mel Gibson, Jodie Foster, Jennifer Lawrence,...
sortie française: 25 mai 2011

1 comment:

céline said...

Bon, j'ai vu "the Beaver" hier soir et l'expression "tissé de fil blanc" est bien appropriée. Pire, Mel Gibson en fait beaucoup trop et dès le début je n'y ai pas cru, dès le début -malgré la caution du psy qui, soit-disant, mène la thérapie- je n'ai pas compris cette femme qui aurait dû fuire devant la folie et appeler l'hôpital psychiatrique! Le fils lui-même est totalement obsessionnel avec ses post-it bien rangés sur les murs. Cette sous-intrigue avec deux premiers de la classe (même si Porter n'est pas un "premier" il semble être une tête) est molle et peu crédible. Le petit aussi est trop parfait, trop autonome face à la dépression de son père. Par ailleurs, la présentation sur un ton de conte moderne annonçait bien une histoire un peu fantastique et finalement, n'entre jamais vraiment dans le fantasme. Pourquoi aussi présenter une mère ingénieur, spécialisée en grands huit, et ne jamais l'exploiter? Cette mère parfaite, dans l'écoute, qui tolère beaucoup, trop, devient insipide du coup. J'ai pesté ,accepté de le voir jusqu'au bout (en devinant tout du dénouement 30 minutes avant)en trouvant que tous les choix de réalisation étaient à côté de la plaque... En gros, si on accepte que la folie peut s'installer sous le regard bienveillant de tout le monde (ou presque, le fils étant le seul à être un peu lucide) ça peut prendre. Je n'ai pas du tout été conquise...