Lucky Luke, tout le monde connaît; le héros de Morris et de Goscinny est adapté, à nouveau, au cinéma. On découvre ce qui a motivé l'enfant qu'il était à devenir et dévouer sa vie à la poursuite du crime, sans cependant jamais tirer directement au cœur des criminels. Le président Winston H. Jameson missionne le cowboy pour rétablir l'ordre à Daisy Town, ville dans laquelle Lucky Luke est né et a vu ses parents assassinés sous ses yeux, et dans laquelle le président souhaite faire passer la ligne de train qui reliera l'est à l'ouest de l'Amérique du Nord et qui l'aidera à renouveler son mandat présidentiel. Lucky Luke se voit donc confronté à l'origine de sa vocation, et remet en cause sa propre justice.
Plusieurs BDs sont à l'origine du scénario du film; c'est pourquoi on y retrouve Calamity James, Jesse James et Billy The Kid, que Lucky Luke croise, séparément, dans les dessins et sur le papier. C'est aussi l'occasion pour le réalisateur de s'amuser avec des personnages historiques et de les croiser avec une autre légende, imaginaire. L'histoire du film voit aussi Lucky Luke tomber amoureux, chose qui n'arrive que peu dans les BDs - une seule fois, à mon souvenir, dans l'album La Fiancée de Lucky Luke. On mêle donc un peu d'action, des coups de feu, une bonne dose de romance, et on assaisonne le tout de flash-backs, voilà de quoi faire un film grand public. L'humour pince-sans-rire de la BD est également adapté, et Jean Dujardin, avec beaucoup de sérieux, enchaîne les blagues et les bons mots.
Sur ce dernier point, on ne peut nier que Jean Dujardin ne soit extrêmement doué. On découvre également Sylvie Testud, parfaite en garçon manqué qui rit des coups et les rend, avance la mâchoire et n'ose tenir tête à la féminité incarnée par Alexandra Lamy. Par contre, Daniel Prévost incarne un super-méchant ridiculement impersonnel, Melvil Poupaud et Michaël Youn des seconds rôles aux répliques plates.
Les nombreux clichés du film sont accentués par une mise en scène qui se veut allégorie de la case de bande dessinée, et par une image saturée de couleurs. La réalisation abonde de plans caricaturaux, s'amusant des stéréotypes des cowboys et de l'Ouest américain. Les cadres sur le large et vide désert, sur des silhouettes en contre-jour, ou les gros plans sur la tenue idéale du cowboy parfait remplissent les presque deux heures de film; ils sont redondants et s'enchaînent sans cohérence. La saturation des couleurs n'avantage en rien l'image, et tentent vainement d'embellir un scénario trop peu ordonné.
On s'ennuie dans la salle, malgré quelques rires, rares, qui surgissent à l'improviste. On a envie de retrouver la verve de Goscinny et le trait de Morris en rentrant chez soi, pour oublier la pauvreté d'un film qui avait pourtant toutes les chances de plaire.
Lucky Luke
de James Huth
avec Jean Dujardin, Daniel Prévost, Sylvie Testud
sortie française: 21 octobre 2009
En bonus, les petits bonheurs quotidiens: