Sunday, March 7, 2010

The ghost writer, de Roman Polanski

Un nègre, littéralement traduit par "écrivain fantôme", se voit proposer un contrat juteux quoique difficile à tenir. Il doit reprendre, en quatre semaines seulement, le manuscrit que son prédécesseur, mort dans de mystérieuses conditions, lui a laissé sur les bras. Le livre en question étant les mémoires d'Adam Lang, ex 1er ministre britannique, son travail est placé sous la plus haute surveillance. Les évènements d'actualité discréditent la loyauté d'Adam Lang, et le "fantôme", non content de se retrouver coincé sur une île pour écrire, se retrouve en huis-clos au cœur même de la maison du politicien, histoire de ne pas se faire lyncher par les journalistes et les manifestants qui assiègent l'endroit.


The ghost writer est - de l'avis de tous, je n'innove pas -, un thriller politique. Le "fantôme" est un homme bien à l'écart de ce monde d'apparences et de mensonges, et se place de ce fait au même niveau qu'un spectateur lambda, qui découvre avec lui les arcanes d'un système. Et le monde décrit est parfaitement retors et machiavélique; les uns réussissent sus les feux des projecteurs, souriants et charmeurs, manipulés dans l'ombre par les autres, dissimulés sous le nom de conseillers. Qui, dans ces conditions, tire les ficelles et prend les décisions? Qui devrait être accusé, alors que les médias se déchaînent contre l'homme politique public? La CIA s'en mêle, alors que le "fantôme" chercher à démêler les papiers de son collègue décédé. Intrigué par cette mort, il découvre que le passé de son client recoupe l'affaire qui le tache dans le présent.


Si le côté politique de l'histoire est savamment orchestré, la partie thriller est moins brillante. Le "fantôme" réussit assez grossièrement à sauter de nœud en nœud, pour finalement expliquer le fin mot de l'histoire. De manière tout à fait subjective, je déteste radicalement que la technologie emplisse l'écran: un plan très serré sur un texto me fait hurler d'horreur; alors quand un GPS indique au héros la route à suivre pour remonter à la source du cadavre, ou lorsque des pages internet, de clic en clic, amènent la résolution de l'énigme, je décroche totalement. Les détails de l'enquête restent flous, les noms s'accumulent et finissent par se confondre, et les explications, malgré leur logique implacable, restent alambiquées.


La mise en scène est similaire, rigide et froide, désireuse de se montrer précise et chirurgicale, use néanmoins de procédés simplistes pour accentuer l'ambiance policière. La musique souligne volontairement l'idée de la machinerie en marche, et qui échappe au contrôle des personnages. Les décors de la résidence, ce bunker agrémenté de peintures immenses, en font trop dans l'idée de la prison luxueuse dans laquelle est retenu le "fantôme". Et si l'idée de cet homme sans nom qui fouine dans les détails de la vie de son client est passionnante, le spectateur a du mal à le suivre tout au long de ses investigations; pourquoi va-t-il si loin, lui qui n'a accepté le job que parce que son agent lui tenait la main pour signer le contrat? Toutes ces idées de réalisation pourraient fonctionner, si elles ne ronronnaient pas inlassablement au son d'un métronome, sans jamais de rupture rythmique.


Le personnage d'Olivia Williams, qui interprète la femme d'Adam Lang, est le seul réellement passionnant et suffisamment poignant, non seulement car elle cache, tout au long du film, une part de mystère et d'antipathie, mais aussi car l'actrice, que j'ai découverte dans la série Dollhouse, m'intrigue par son omniprésence ces derniers temps sur le grand écran (Une éducation, The ghost writer).


Je n'ai pas été emballée par The ghost writer, et aucun lien tracé entre la post-production achevée dans sa maison en Suisse, où il était assigné à résidence, et la situation du personnage principal ne donnera plus de rythme à ce film linéaire.


The ghost writer
de Roman Polanski
avec Ewan McGregor, Pierce Brosnan, Olivia Williams,...
sortie française: 3 mars 2010

1 comment:

Luocine said...

Je trouve que votre commentaire est très intéressant. Je tiens un blog autour des livres et depuis de film que je vois . J'ai mis un lien vers votre article à la fin de mon texte car j'aime bien que les (rares) personnes qui me lisent lisent un autre commentaire que le mien.
Tout à fait d'accord sur l'épisode GPS
Amicalement
Luocine