Maria vit en Afrique avec son ex-mari, remarié à une jeune Noire, et son fils déjà grand. C'est son ex beau-père qui possède la plantation de café sur le papier, mais c'est Maria qui dirige tout le domaine et gère les ouvriers et les récoltes. Une guerre civile se déclare, et c'est évidemment les Blancs, les colons, qui sont les premiers visés. Maria refuse de partir, attachée à la terre, et faisant la sourde oreille aux hélicoptères français venus lui conseiller de s'en aller. Ses ouvriers quittant le domaine, Maria va recruter d'autres hommes au village, menant son camion sur les routes poussiéreuses et traversant les barrages sous la menace des armes.
L'action se déroule dans un pays d'Afrique, sans que celui-ci ne soit situé. Ancienne colonie française certainement, car les habitants y parlent français, et Maria y a une place bien établie. A part ces vagues notions géographiques, le spectateur ressent une Afrique légèrement dans les clichés de poussière, de chaleur et de misère que le continent renvoie. La vie y semble donc difficile, les hommes comme les femmes sont rudes et habitués aux armes. L'image est belle, mais sans grande prétention à l'originalité; le soleil est éclatant, la nuit est noire, les décors ocres, verts et secs.
Le film est un long flash-back. Isabelle Huppert, en robe de lin sur une grande route lumineuse, arrête un camion pour rentrer chez elle à la plantation Vial. Lors du trajet, elle se rappelle les quelques jours passés, ces heures qui font basculer sa vie, à cause de la folie humaine et du massacre entre habitants d'un même pays. L'action est donc extrêmement resserrée, autour d'un point de départ d'une guerre aveugle. Au sein de cette guerre, les hommes deviennent fous, ou lâches, et les femmes protègent les enfants et fuient. Même ceux qui entourent Maria baissent les bras; son ex-mari se terre, et revend la plantation derrière son dos; son ex beau-père, malade, se tient loin du conflit; son fils, créature sans personnalité, perd la raison. Ce dernier est d'ailleurs un personnage exploité seulement en surface, malgré l'impact qu'il est censé avoir sur sa mère et dans le conflit. Garçon mou et paresseux, il est le premier visé par les attaques des rebelles, malgré son évidente insignifiance. Mais les hommes sont ceux qui ont officiellement le pouvoir, sans doute, et cela semble suffire pour justifier le rôle de Nicolas Duvauchelle.
Maria, dans ce laisser-aller des hommes, est la seule à s'obstiner à se battre pour un pays perdu. Dans un rythme mou, et au milieu de personnages mal définis - le chef des rebelles, joué par le pourtant charismatique Isaach de Bankolé, est aussi nonchalant que tous les autres -, Maria semble être la seule à avoir de la force. Isabelle Huppert, avec ce personnage, tient tout le film sur ses épaules. Elle est belle en robe légère et sandalettes fines, magnifique en jean et bottes de caoutchouc, la première à jeter ses mains dans la terre. Son visage émacié supporte un regard fier et dur, son corps maigre a la force de son esprit combattant.
Malheureusement, une femme abandonnée ne peut préserver un monde, tout comme une actrice seule ne peut sauver un film.
White material
de Claire Denis
avec Isabelle Huppert, Isaach de Bankolé, Christophe Lambert,...
sortie française: 24 mars 2010
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