Tuesday, December 18, 2012

La République des rêves, de Béatrice Algazi

Le Lavoir Moderne Parisien était un théâtre que je ne connaissais absolument pas. Ancien lavoir, comme son nom l'indique, c'est un lieu plein de charme. Avec ses charpentes, ses murs en pierre, son volume, cet endroit m'a transportée et a attisé ma curiosité. C'est dans ce patrimoine social que j'ai vu  la pièce La République des Rêves, mise en scène par Béatrice Algazi.

Dès mon arrivée dans le hall, j'ai ressenti une atmosphère très forte et particulière, comme si j'étais comédienne sans texte sur une scène de théâtre... Il est en effet minutieusement décoré, j'y vois un lit (dans lequel le metteur en scène s'allonge avec une coupe de champagne à la main en lisant!), des oiseaux, des objets intriguants dont je ne connaissais pas l'existence, l'apparition de deux comédiens, qui sont totalement dans leur monde, des textes de Schulz suspendus partout, en français et polonais.


Les spectateurs participent à ce bordel bien rangé, le  toucher et la  vue sont interpelés, ainsi que l'ouïe, car une bande son en polonais tourne en boucle, dite par les habitants de la ville de Bruno Schulz. J'ai néanmoins regretté l'attente trop longue dans le hall, je me suis donc à un moment déconnectée de cette atmosphère.


Enfin, les spectateurs sont appelés à rentrer. C'est avec joie que je découvre que tous les sièges sont condamnés, et que l'espace est bi-frontal. Cela me donne l'impression d'être ancrée dans la pièce, et cela change notre perception des règles très classiques que peut parfois avoir le théâtre.


Je serais incapable de raconter en détail l'histoire, de restituer le texte, d'expliquer le rapport entre les quatre comédiens et la morale (si morale il y a?). J'ai fait face à une succession d’événements liés en dehors de la logique, où j'ai perdu mes repères. Je pourrais dire que j'ai regretté la monorythmie, parfois la musique que je trouvais inefficace, l'idée de la marionnette de taille humaine (que je trouvais splendide et bien manipulée) qui n'était pas poussée jusqu'au bout. J'aurais voulu la voir plus en mouvement, plus "abandonnée" pour avoir l'impression qu'elle était  humaine. Pourtant, du début à la fin, j'ai été envoûtée par l'atmosphère, le silence du plateau, le regard posé et mystérieux des comédiens, le jeu des lumières très propre et harmonieux, l'époque recréée, l'espace bi-frontal, la netteté de la mise en scène.


La République des Rêves est donc une expérience théâtrale pour moi, avec ses points négatifs et ses points positifs. Je retiendrai surtout l'ambiance très créative et déroutante...

review par Adèle B.,  assistante mise en scène, compagnie L'Attrape Théâtre



La République des rêves
Au Lavoir Moderne Parisien (75018)
inspirée des nouvelles de Bruno Schulz
mise en scène: Béatrice Algazi
avec: Emilie Lambert, Bruno Negri, Jasna Ruljancic, Marc Wéry & Jozef

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