Friday, December 7, 2012

Les Hauts de Hurlevent, d'Andrea Arnold

Non, vraiment, il faut que je raconte à certains l'histoire des Hauts de Hurlevent, le roman d'Emily Brontë?  Puisque le film ne reprend qu'une partie du livre, dans les grandes lignes, ça donne ceci - histoire du film, évidemment, donc avec quelques modifications par rapport au bouquin: M. Earnshaw ramène un jour à sa ferme de Hurlevent un jeune enfant noir, qui se lie d'amitié avec sa fille, Catherine, petite sauvageonne. Hindley, le fils aîné de Earnshaw, se sent remplacé par cet inconnu et le prend en grippe. Lorsque le père meurt, Hindley reprend la ferme et traite Heathcliff comme un domestique. Catherine, en grandissant, et à la fréquentation de nouveaux voisins, s'assagit, et épouse Linton, jeune garçon bien élevé. Heathcliff, fou de rage, fuit, pour revenir des années plus tard, sa fortune faite, se venger d'Hindley et de Linton, et avouer son amour à Catherine.



Concrètement, si vous aimez le roman d'Emily Brontë, vous ne faites pas l'impasse sur une, certes énième parmi la multitude, adaptation cinématographique? On me dit que dans celle-ci, il y a du vent, des paysages torturés, le point de vue de Heahtcliff, un souffle de la nature, dans toute sa noirceur... j'y vais. ET puis c'est réalisé par Andrea Arnold, dont j'avais apprécié Fish Tank à sa sortie en salle. Mais vous pourrez certainement vous épargner cette peine. De deux heures et huit minutes, la peine. Alors que, dès le premier quart d'heure, j'ai su ce que j'allais endurer.


Pour vous plonger dans la campagne anglaise sauvage, et la fin d'un siècle passé, vous avez droit à un écran 4/3. Aucune explication, dans les deux pages d'interview de la réalisatrice, rien sur le web... Je me fais donc ma propre opinion. Pour marquer une époque révolue, peut-être a-t-elle choisi ce format, pour son petit côté également dépassé? Mais merde, le format, quand il est semblable à son époque, contemporaine, on ne le remarque pas! Alors que là, on ne voit que lui... Petit, engoncé, à l'opposé des images censées être grandioses d'un paysage plus fort que l'homme. C'est le même principe que la caméra à l'épaule. Elle tressaute, elle hésite, elle fait mine qu'elle est un œil. Mon regard à moi est bien plus stable, je n'ai pas mal au cœur quand je marche. Et puis je n'ai jamais de point de vue depuis mon épaule. Deux choix radicaux de réalisation me mettent donc tout de suite mal à l'aise. J'essaie néanmoins de m'accrocher aux personnages et à l'histoire.


Mais là, on m'offre aussi matière à être méchante. Une histoire d'amour laconique, entre des enfants de la nature, c'est censé être beau entre deux coups de pieds, dans la boue et en léchant les blessures de l'autre. Charmant. Le changement radical de Catherine en jeune fille sage est alors incompréhensible, tout comme son mariage tristement consenti avec Linton. L'emportement de Heathcliff semble également démesuré. Après trois mots échangés durant toute l'enfance, quand les deux tourtereaux se retrouvent, c'est pour déclamer théâtralement et soudainement un amour auquel on n'a pas cru.


La galerie de personnages autour est toute aussi mal bâtie; Hindley est bêtement méchant, sans qu'on joue sur l'idée de sa jalousie dévorante; la future femme de Heathcliff, qui se doit d'être une oie blanche, est effectivement représentée comme telle, sans aucune demi-mesure. Bref, on manque cruellement de subtilité.


Cette adaptation du roman d'Emily Brontë, grossière, ne rend pas hommage à l'auteure.


Les Hauts de Hurlevent
d'Andrea Arnold
avec: Solomon Glave, Shannon Beer, James Howson,...
sortie française: 05 décembre 2012

2 comments:

Anonymous said...

Je suis en partie d'accord avec toi : le film souffre de ruptures trop brutales et de nombreuses ellipses. Au passage : bel article très fluide et agréable à lire.

Fanny B. said...

En partie? C'est quoi la partie où tu n'es pas d'accord, alors? ;) Fais partager ton avis!