Paul ouvre les yeux dans le noir, et probablement dans une atmosphère étouffante. Dans sa poche, un briquet qu'il allume lui révèle qu'il est enfermé dans un cercueil en bois, et cette caisse lui servira de tombeau si le gouvernement américain ne laisse pas à son ravisseur les 5 millions de dollars qu'il réclame, menaçant, par téléphone. Ce qui semble être les derniers instants de Paul sont passés avec lui, sous terre, dans cette petite boîte. Le sable glisse entre les fentes, Paul tente de joindre désespérément son épouse, son gouvernement, quelqu'un qui pourrait le localiser et l'aider.
J'ai regardé Buried, soucieuse de voir comment un autre réalisateur que le génial Danny Boyle s'en était sorti, lui aussi coincé avec son personnage dans un espace réduit. La filmographie de Rodrigo Cortés n'est pas longue, et le réalisateur frappe fort pour se faire remarquer et se distinguer. Il faut oser, en effet, enterrer sa caméra et rester entre quatre planches, dans un endroit de plus pas franchement éclairé. Rodrigo Cortés, côté mise en scène acrobatique, s'en sort bien. Il sait jouer des lumières, alternant avec le feu du briquet, tremblotant, la lumière vacillante d'une lampe de poche et fluorescente d'un stick luminescent. Tout concorde pour donner au spectateur l'impression de promiscuité indispensable, suffisamment claustrophobique mais supportable pendant une heure et trente minutes.
Là où il s'en sort moins, c'est du côté tiré par les cheveux du pourquoi du comment d'avoir été enterré là, et dans l'intervention de l'Amérique pour sauver ses citoyens et le monde par la même occasion. Comme l'idée est de comparer, je préfère largement un accident stupide, un vague concours de circonstances, plutôt que l'idée politico-dénonciatrice d'un terroriste isolé en Irak... Rodrigo Cortés aurait pu avoir du culot jusqu'au bout, et ne pas sortir du tout de sous la terre pour aller jusqu'à dénoncer un gouvernement et ses pratiques. Le concept est déjà suffisamment fort pour être exploité seul. Buried et 127 heures sont finalement assez peu comparables: le premier donne peu de place aux mouvements de caméra, tandis que le second offre tout de même une ouverture sur le ciel; Buried joue sur l'espoir fou d'une aide extérieur, tandis qu'Aron, dans 127 heures, ne peut compter que sur lui-même; Danny Boyle, de plus, joue sur la douleur physique et la force mentale de son personnage, tandis que Rodrigo Cortés s'appuie sur l'idée d'une conspiration internationale et s'éloigne alors de Paul.
Là où j'ai trouvé Buried assez peu intelligent, c'est qu'en s'aidant de l'aide extérieur au cercueil, on ne reste pas côté à côté avec Paul, allongé avec lui, souffrant avec lui. Au lieu d'exploiter son cheminement intérieur, Rodrigo Cortés joue sur l'hystérie et l'extériorisation que permet le téléphone portable. Paul hurle, pleure, se démène, passe des coups de fil. Ses bruyantes et incessantes manifestations de rage et de désespoirs laissent peu de place à la perfide et insidieuse douleur mentale, jusqu'à un point critique où le spectateur serait, comme avec le personnage, tout à fait à bout. Il faut probablement être masochiste pour demander plus qu'une mort imminente et la pression de quelques kilos de terre au dessus de son personnage. Je n'ai pas souffert suffisamment avec Paul, ni craint assez sa mort.
Rodrigo Cortés reste un réalisateur à suivre, pour voir jusqu'où ira son effronterie. Sa caméra est parfaitement posée, reste à savoir s'il réussira à fabriquer un scénario avec plus de sens.
Rodrigo Cortés reste un réalisateur à suivre, pour voir jusqu'où ira son effronterie. Sa caméra est parfaitement posée, reste à savoir s'il réussira à fabriquer un scénario avec plus de sens.
Buried
de Rodrigo Cortés
avec: Ryan Reynolds,...
sortie française: 03 novembre 2010
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