Friday, February 17, 2012

La Dame de fer, de Phyllidia Lloyd

Margaret Tatcher, née Roberts, d'un épicier / maire de sa ville, et poussée par ce dernier à se distinguer, réussit à faire ses études à Oxford, et se lance dans une carrière politique, malgré la fragilité des femmes dans ce milieu terriblement machiste. Au sein du parti conservateur, elle rencontre celui qui deviendra son mari et ne la quittera plus jamais, Denis Tatcher. Elle suit ensuite la carrière qu'on lui connaît, première et seule femme Premier Ministre en Grande-Bretagne, de 1979 à 1990, décennie durant laquelle elle s'attaque au communisme, récupère les Iles Malouines aux Argentins en 1982, privatise à tout va, affaiblit les syndicats,... Au terme de sa vie, après avoir clôt sa vie publique, elle reste enfermée et sous contrôle dans son appartement du 10, Downing Street à Londres. Son mari, Denis, décédé d'un cancer, hante sa mémoire, alors qu'elle tente de ne pas devenir folle et cependant de lui dire au revoir correctement, plusieurs années après sa disparition. Ses souvenirs se mêlent de politique, d'amour, et des pauvres restes de son passé.


Le film, que j'attendais avec pas mal d'impatience, me laisse finalement dubitative. J'y ai trouvé du bon, et du très mauvais également, et je ne réussis pas à conclure de quel côté la balance pèse le plus lourd. A priori, si on se pose trop de questions, et quand on analyse trop au lieu de se laisser porter par les émotions, c'est malheureusement que le négatif a dominé.


Le risque d'un biopic est de voir un schéma narratif maintes fois répétées. L'exemple le plus récent est celui de J. Edgar, de Clint Eastwood. Effectivement, la séquence d'ouverture de La Dame de fer prévoit peu d'originalité. On débute sur l'idée de la vieille dame fatiguée qui se remémore ses jeunes et heureuses années. Et on revient au présent pour entrecouper la narration de séquences-souvenirs et ainsi parcourir une vie entière sans se préoccuper de la continuité. Le procédé est facile, vu et revu, agaçant tant on s'attend à le voir. La Dame de fer n'échappe pas à la règle, et donne l'aperçu de la vie de Margaret Tatcher par saynètes relancées peu habilement sur une phrase, un mot, un visage, qui rappellent à la vieille dame qu'elle est devenue, celle qu'elle fut.


On aurait aussi bien pu se passer de cette revue historique, qui d'ailleurs reste obscure sur les véritables conséquences du règne de Margaret Tatcher en Grande-Bretagne. Aux oubliettes, les réactions d'un peuple réprimé, les conséquences économiques désastreuses d'un libéralisme conservateur! La Dame de fer se concentre sur la femme plutôt que sur l'Histoire, mettant en avant l'ambition d'une jeune fille prête à s'imposer dans un monde d'hommes et à influencer le féminisme. De conservatrice, Margaret Tatcher change de statut et gagne les galons de l'avant-gardisme de son sexe.


On reste plutôt concentré sur une histoire d'amour, celle qui lui a donné la force de continuer à avancer, la présence réconfortante d'un mari et de deux enfants qu'elle oublie parfois, prise par sa fonction, mais adore jusqu'au bout. Le scénario oublie la politique et montre une femme en deuil, qui tente d'accepter la mort de son époux avec un dernier hommage fait de ses meilleurs images de lui et d'eux, d'un couple et d'une famille. Elle tire enfin un trait sur son passé, et accepte sa solitude. Le fantôme de Denis, qui revient la hanter depuis des années, doit enfin s'en aller. Et cette vieille femme encore amoureuse, dont on attend toujours des phrases chocs et des idées lumineuses, ne peut confier à personne, sous peine d'être prise pour une folle, sa peine et son cœur brisé.


Meryl Streep est merveilleuse de force et de fragilité, sous ce grimage qui la vieillit. Pour revenir à cette comparaison avec J. Edgar, elle, au contraire de Leonardi Di Caprio, réussit à changer son regard, sa démarche, son attitude toute entière pour incarner d'abord la Margaret Tatcher telle qu'elle était au pouvoir, puis cette courbure de l'âge, les réminiscences du passé et la vieillesse et ses pertes de mémoire, son regard voilé et ses soudains espoirs de n'en avoir pas encore fini avec la vie et avec l'actualité.


Une critique en double teinte donc, avec un scénario trop peu engagé, mais soutenu par une interprétation magistrale.
 


La Dame de fer
de Phyllidia Lloyd
avec: Meryl Streep, Jim Broadbent, Susan Brown,...
sortie française: 15 février 2012

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