Après l'échec désastreux et sanglant d'une mission en Hongrie, le chef du MI6 (Military Intelligence section 6), Control, et son bras droit, Smiley, sont remerciés. Georges Smiley est toutefois chargé de continuer à enquêter sur l'éventualité d'une taupe soviétique au sein même du Cirque. Un jeune agent, Peter Guilam, est chargé de lui fournir, de l'intérieur, les documents dont il a besoin, en prenant le risque de les voler. Un mystérieux espion russe, Karla, semble concentrer autour de lui les réponses à la question de l'existence ou non d'une taupe en Grande-Bretagne.
Il faut bien l'avouer, moi non plus, comme énormément de monde semble-t-il, je n'ai pas tout suivi à l'intrigue. On cerne rapidement les deux partis: celui de Control croit à la présence d'une taupe tout en haut du chapiteau du Cirque et la traque par l'intermédiaire de Smiley, lui-même suspect; les agents qui restent employés du MI6 refusent eux l'idée d'une taupe. Voilà l'essentiel du pitch, qui fait se bagarrer les deux camps pour le pouvoir. Évidemment, cette guerre interne au pays garde pour contexte la Guerre Froide des années 1970, et c'est bien plus qu'un fauteuil au Cirque qui est en jeu. Chaque camp se dispute ensuite les différentes pièces du puzzle, entre Ricki Tarr, agent britannique, et Karla.
Vu le titre même du film, et le parti pris de suivre l'enquête de Smiley, en tant que spectateur, on penche évidemment pour l'option "méchants dans le Cirque, gentils qui se battent pour la vérité en-dehors". On remonte donc volontiers la trace de la taupe avec Smiley. Quant à démêler les détails, on se perd totalement entre noms de code et costumes bruns. Ce n'est pas tant l'utilisation de flash-backs qui embrouille les ficelles. Ils sont d'ailleurs intelligemment utilisés, sans procédés d'ouverture en fondu, ou de teinte particulière de l'image pour les identifier; la présence ou l'absence de certains personnages - notamment Control et Smiley, mais aussi Mark Strong, l'homme qui a vécu le désastre en Hongrie - suffisent largement à situer le temps de la séquence. Non, c'est réellement l'ampleur du scénario, pourtant bien mené, qui obscurcit la compréhension. Forcément, les espions n'utilisent que messages codés, doubles sens, manipulations de pouvoir et dissimulations.
Du coup, sans réussir à capter tout ce qui se dissimule derrière ces multiples et ternes façades - les murs des bâtiments autant que les visages fermés aux expressions neutres -, on a du mal à s'attacher, à prendre réellement parti, ou même à s'indigner lorsque des révélations sont faites. On ne peut que suivre le courant du réalisateur, qui mène du coup bien sa barque.
Il gère les longues et bavardes conversations sous-entendues et l'avalanche de détails, prenant totalement à contrepied l'image de l'espion james-bondien. C'est sans courses-poursuites, sans explosions et sans coups de feu inutiles, qu'il réussit à maintenir l'attention d'un spectateur pourtant habitué à tout cet étalage d'artifices. L'ambiance des années 70 est superbement retranscrites, que ce soit à Londres, à Paris, dans les costumes marrons et les décors pluvieux, la tranquille mise en scène et des interprétations british un rien pincées.
On a beau ne rien y comprendre, l'ambiance superbe suffit à maintenir le suspense et rendre précieuse la conclusion du film.
La taupe
de Tomas Alfredson
avec: Gary Oldman, John Hurt, Mark Strong,...
sortie française: 08 février 2012
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