Henry Barthes est un professeur remplaçant. De mission en mission, de lycée en lycée, il accepte de courtes missions, et d'être ainsi envoyé dans les banlieues les plus difficiles autour de New York. Cette fois-ci, il rencontre de nouveau des professeurs désabusés, à bout, seuls; des élèves abandonnés par leurs parents; il reste à distance, comme d'habitude, sans espoir de changer quoi que ce soit. Mais cette fois, les circonstances l'obligent à s'impliquer. Son grand-père, dont le passé inconnu et sans doute terrifiant l'obsède, touche à la fin dans sa maison de retraite; et il rencontre Erica, une toute jeune prostituée qu'il recueille chez lui.
Difficile de commencer sans évoquer American History X, fabuleux premier film de Tony Kaye sorti en 1998. Depuis, le réalisateur a continué à s'intéresser au racisme, à la violence de la société américaine, à la drogue,... Mais ses documentaires ne sont pas sortis en France, et c'est donc seulement aujourd'hui qu'il nous est permis de voir un nouveau long-métrage. Dans la foulée de Detachment sortira Attachment, un autre long-métrage de fiction avec Sharon Stone. Ces deux films annoncent-ils un désir de Tony Kaye de revenir au-devant de la scène? Je l'espère, car ce réalisateur montre un réel engagement, autant thématique qu'artistique.
Le sujet de Detachment est infiniment sensible et difficile à traiter dans sombrer dans le côté documentaire social et vindicateur. Tony Kaye évite cet écueil en donnant un passé à son personnage principal. Ce n'est donc pas tant le présent dans un milieu difficile ni sa vie de professeur remplaçant qui est traité, mais les problèmes qu'a Henry Barthes à gérer les réminiscences d'une enfance difficile. Toue sa vie d'adulte, ses errances et son incapacité à s'attacher aux gens et aux lieux, sont marquées par un secret inavouable en lien avec la mort de sa mère et les souvenirs effacés de son grand-père. Moi qui apprécie les mises en scène simples et classiques, j'ai tout de même été emballée par les images presque parfois subliminales des séquences de souvenirs. Ces séquences, quasi rêvées, semblent faire irruption dans la narration, fragmentées et peu explicatives. La vision d'une femme hante Henry Barthes, sans qu'on sache s'il ressente du ressentiment pour cette femme, sa l'amour, ou s'il s'en veut à lui-même. Peu à peu se dessine néanmoins son histoire, et le thème de l'enfance prend toute sa force. Au lieu d'être uniquement traité par l'intermédiaire social du contexte de l'école, et via ces gosses paumés à qui il enseigne, l'enfance est vue par les yeux d'adulte d'Henry Barthes, lui qui a vécu quelque tragédie obscure alors qu'il était lui-même petit. Ses élèves deviennent son reflet, des aspects de sa personnalité qu'il souhaite effacer mais qui le poursuit, de mission en mission.
La manière qu'a Tony Kaye de mêler les époques et de faire se répondre les vies d'Henry Barthes, de ses élèves, d'Erica, est cependant redondante tout au long du film. Si parfois, elle est jolie à voir, elle devient difficile à apprécier lorsque la même ritournelle revient encore et encore. A qui Henry Barthes s'adresse-t-il, face caméra? Regarde-t-il sa vie et ses élèves comme des expérimentations, et analyse-t-il froidement le résultat pour une quelconque étude? Le réalisateur ne donne pas de réponse à cet aspect didactique de son film, qui ressemble trop à un pur exercice de style.
Heureusement, la mise en scène est soutenue par des interprétations superbes, notamment celle d'Adrien Brody, qui, lui, mérite une récompense. Tout se joue dans son regard mélancolique, concentré sur lui-même, presque terrifié à l'idée d'extérioriser. Erica est en contradiction lumineuse, ouvertement blessée et frontalement agressive. Elle n'est pas sans rappeler le personnage de Jodie Foster dans Taxi Driver. La jeune fille doit apprendre la douceur, alors qu'Henry Barthes doit se faire violence pour accepter ses sentiments. Une belle galerie de personnages secondaires, depuis les élèves au grand-père sur son lit de mort, réussit à dépasser les clichés.
On en trouve cependant un, de cliché, qui vient faire des dommages au scénario et détruire la subtilité du propos. Les adultes et les parents sont effectivement désignés comme les coupables absolus, les enfants n'étant qu'innocence mal dirigée. Mais le scénario oublie alors qu'Henry Barthes est lui aussi un de ces adultes, son enfance mystérieuse ne l'ayant pas empêché de vieillir.
Le sujet de Detachment est infiniment sensible et difficile à traiter dans sombrer dans le côté documentaire social et vindicateur. Tony Kaye évite cet écueil en donnant un passé à son personnage principal. Ce n'est donc pas tant le présent dans un milieu difficile ni sa vie de professeur remplaçant qui est traité, mais les problèmes qu'a Henry Barthes à gérer les réminiscences d'une enfance difficile. Toue sa vie d'adulte, ses errances et son incapacité à s'attacher aux gens et aux lieux, sont marquées par un secret inavouable en lien avec la mort de sa mère et les souvenirs effacés de son grand-père. Moi qui apprécie les mises en scène simples et classiques, j'ai tout de même été emballée par les images presque parfois subliminales des séquences de souvenirs. Ces séquences, quasi rêvées, semblent faire irruption dans la narration, fragmentées et peu explicatives. La vision d'une femme hante Henry Barthes, sans qu'on sache s'il ressente du ressentiment pour cette femme, sa l'amour, ou s'il s'en veut à lui-même. Peu à peu se dessine néanmoins son histoire, et le thème de l'enfance prend toute sa force. Au lieu d'être uniquement traité par l'intermédiaire social du contexte de l'école, et via ces gosses paumés à qui il enseigne, l'enfance est vue par les yeux d'adulte d'Henry Barthes, lui qui a vécu quelque tragédie obscure alors qu'il était lui-même petit. Ses élèves deviennent son reflet, des aspects de sa personnalité qu'il souhaite effacer mais qui le poursuit, de mission en mission.
La manière qu'a Tony Kaye de mêler les époques et de faire se répondre les vies d'Henry Barthes, de ses élèves, d'Erica, est cependant redondante tout au long du film. Si parfois, elle est jolie à voir, elle devient difficile à apprécier lorsque la même ritournelle revient encore et encore. A qui Henry Barthes s'adresse-t-il, face caméra? Regarde-t-il sa vie et ses élèves comme des expérimentations, et analyse-t-il froidement le résultat pour une quelconque étude? Le réalisateur ne donne pas de réponse à cet aspect didactique de son film, qui ressemble trop à un pur exercice de style.
Heureusement, la mise en scène est soutenue par des interprétations superbes, notamment celle d'Adrien Brody, qui, lui, mérite une récompense. Tout se joue dans son regard mélancolique, concentré sur lui-même, presque terrifié à l'idée d'extérioriser. Erica est en contradiction lumineuse, ouvertement blessée et frontalement agressive. Elle n'est pas sans rappeler le personnage de Jodie Foster dans Taxi Driver. La jeune fille doit apprendre la douceur, alors qu'Henry Barthes doit se faire violence pour accepter ses sentiments. Une belle galerie de personnages secondaires, depuis les élèves au grand-père sur son lit de mort, réussit à dépasser les clichés.
On en trouve cependant un, de cliché, qui vient faire des dommages au scénario et détruire la subtilité du propos. Les adultes et les parents sont effectivement désignés comme les coupables absolus, les enfants n'étant qu'innocence mal dirigée. Mais le scénario oublie alors qu'Henry Barthes est lui aussi un de ces adultes, son enfance mystérieuse ne l'ayant pas empêché de vieillir.
Detachment
de Tony Kaye
avec: Adrien Brody, Samy Gayle, Christina Hendricks,...
sortie française: 1er février 2012
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