Tuesday, May 5, 2015

Broadway therapy, de Peter Bogdanovich

Arnold Albertson est un metteur en scène philanthrope qui offre régulièrement à des escort girls une soirée romantique et une dizaine de milliers de dollars pour qu'elles puissent quitter le métier. Alors qu'il entame les répétitions de sa nouvelle pièce, dans laquelle jouent sa femme et son ex-amant, sa dernière protégée débarque sur scène, prête à démarrer sa nouvelle vie.


Cannes approchant, c'est la misère au cinéma ? Pas de problème, fouillons le web à la recherche d'une pépite manquée les semaines passées... rien. Pourquoi pas une comédie légère, a priori pas stupide non plus, avec un casting de malade pourtant passé inaperçu ? Au mieux, je ris, au pire, je ne perds pas trop de temps (pas comme avec Jauja que j'ai hésité à aller voir, mais qui m'effraie un peu avec son format 1:1 et ses quasi deux heures). Ce n'est pas comme si je n'allais jamais voir des films improbables d'habitude, pour moi, l'audace, c'est la comédie.


Ce qui m'agace, dans la comédie, c'est souvent que le problème des personnages pourrait être facilement résolu s'ils s'arrêtaient un instant de criser pour s'expliquer. La comédie repose sur des quiproquos, et si on stoppait l'hystérie, il n'y aurait plus de problèmes ; sans problème, pas de film. Broadway therapy ne déroge pas à la règle : si Albert expliquait à sa femme qu'il l'aimait toujours (mais l'aime-t-il toujours ? Le film ne répond pas à la question) mais qu'il appréciait aussi la compagnie d'escort girls, et les aider à réaliser leurs rêves (pour quelles raisons, le film ne répond rien non plus) ; si la psy d'un peu tout le monde prenait une grande respiration (Jennifer Aniston, calme, serait cependant beaucoup moins marrante), si l'auteur de la pièce disait à sa petite amie qu'il avait rencontré quelqu'un qui lui correspondait plus, si, si, si... si ces personnages étaient honnêtes les uns avec les autres, la vie serait beaucoup moins dramatique pour eux, beaucoup moins drôle pour nous. 


Broadway therapy réussit donc à me faire rire, et sans grossièretés (ce qui fait encore plus claquer le dialogue de Jennifer Aniston qui annonce qu'elle doit changer de tampon). Comme une pièce de théâtre (qui affine la barrière entre fiction et réalité, pièce dans le film etc), pleine de bons mots et de situations inappropriées, et avec un sens excellent du rythme. Si toutes les comédies étaient de cet acabit, j'aurais sans doute moins de réticence à en voir plus. Ça ne sonne pas terrible, comme compliment, mais c'en est bien un !


Broadway therapy
de Peter Bogdanovich
avec : Imogen Poots, Owen Wilson, Illeana Douglas,...
sortie le :  22 avril 2015

6 comments:

Mingou said...

Mais où est donc le Peter Bogdanovich du Last Picture Show ?

C'était amusant par moments, mais pas subtil ni élégant du tout... Assez décevant dans l'ensemble.

Fanny B. said...

C'est cependant beaucoup moins grossier que bon nombre de comédies. Je pense à The Hangover qui a un gros succès et que j'ai absolument détesté, entre autres... assez représentatif de ce qui se fait d'habitude.

Je crois que c'est le premier film de Peter Bogdanovich que je vois. J'ai lu son interview dans le magazine Trois Couleurs juste avant et son discours a sans doute influencé mon visionnage. Son point de vue sur la comédie est assez dur. Je vais fouiller un peu plus dans sa filmographie et commencer par The Last Picture Show !

Mingou said...

Haha. Moi aussi, j'ai lu l'interview dans le magazine Trois Couleurs avant, et c'est pour ça que je suis si déçue.
Je suis d'accord pour dire que c'est beaucoup moins grossier que bon nombre de comédies, mais dans le genre (enfin, ce n'est pas tout à fait le même genre de comédie), je préfère de loin The Grand Budapest Hotel, plus réussi, vraiment drôle et réjouissant.
Et sinon, The Last Picture Show, c'était encore autre chose. Très beau film.

Fanny B. said...

Ah oui, je vois. En fait, j'aurais pê du utiliser le terme "feel-good movie" plutôt que "comédie". Un truc facile à regarder, dont le but premier est vraiment de faire rire, d'être léger.

Mingou said...

Je serai curieuse de savoir si tu as aimé (les deux films) ou non. Après tout, les goûts et les couleurs...

Fanny B. said...

Les 2 films ?

The last show, que j'ai donc découvert la semaine dernière sur tes conseils, j'ai bien aimé, mais ça a mal vieilli : le rythme est étrange, à la fois long (2h de film) et les sautes dans le temps sont parfois difficiles à saisir. J'ai apprécié découvrir un réalisateur, mais ce film là ne restera pas gravé dans ma mémoire, plus pour des raisons techniques (rythme) que narratives (le passage à l'âge adulte est toujours un sujet passionnant).

et l'autre film ? The grand Budapest hotel ? http://fannybens.blogspot.fr/2014/04/the-grand-budapest-hotel-de-wes-anderson.html J'ai adoré, malgré des gimmicks enfantins.

Encore une fois, Broadway therapy est à part : un bon divertissement snas être un monument.

En tout cas, merci de partager tes goûts et des nouveautés pour moi !