Friday, January 15, 2010

Bright star, de Jane Campion

Fanny est une couturière hors pair. Elle coud tous ses vêtements, sous le regard admiratif de sa petite soeur et celui, moqueur, du propriétaire de la demeure dans laquelle sa mère, pour loger ses trois enfants, loue une aile. Le bailleur est un poète, du nom de Brown, qui passe ses journées à tenter d'écrire, avec son meilleur ami également poète, John Keats. Fanny est fasciné par le jeune homme et, effrontément, tente chaque jour une approche. John Keats, écrivain sans succès, sans revenu et sans rente, entretient avec elle un amour platonique, sachant que jamais il ne pourra subvenir à ses besoins dans un mariage. Leur attachement est réprouvé par Brown, qui voit en Fanny une jeune écervelée, et par la mère de la jeune fille, qui doute de l'avenir de sa progéniture. Mais Fanny et Keats s'attachent, la première apprenant la littérature, le second lui écrivant des missives toujours plus inspirées. La maladie du jeune homme, et sa mort, précipitent leur amour dans un impossible dénouement.


Le poète romantique anglais a été peu apprécié des critiques de son vivant; lui-même n'avait alors que peu d'estime pour son œuvre, reconnue à titre posthume, après sa mort à vingt-cinq ans. L'amour entre Keats et Fanny est teinté de cette amertume. Keats continue à écrire, malgré les mots acerbes; Fanny devient sa muse, et ne doute pas de son talent. Il est difficile de croire, malgré sa véracité, à cette passion innocente, tant Keats, par le peu de considération qu'il porte à lui-même, semble fade. Cette insignifiance est encore accentuée par sa maladie, qui le montre toujours plus fragile, sans cesse assis derrière ses fenêtres, ou allongé, chaussettes trouées, dans des canapés éliminés. Fanny, à côté de lui, ressemble plus à une mère qu'à une fiancée. Elle apparaît insupportable dans le peu de modestie qu'elle met à parler sans cesse de ses toilettes, indélicate dans ses approches impertinentes et grossières. Sa pauvre culture poétique en fait une femme égoïste, qui ne s'intéresse aux écrits de Keats que comme un moyen d'accéder à lui. La différence qui existe entre elle et Keats donne peu de crédit à leur affection mutuelle.


On peut reconnaître au film une jolie lumière, qui se pose avec délicatesse sur des décors et des costumes recherchés dans leur simplicité campagnarde. Mais les cadres, s'ils sont agréablement composés, restent aussi fixes que des clichés, et l'on s'imagine feuilleter un roman-photo monotone plutôt que de voir un film tout en mouvements. Même lorsque les personnages s'animent, c'est pour se figer, comme dans cette scène ou les deux tourtereaux s'embrassent en marchant paisiblement quelques pas derrière la petite sœur de Fanny; lorsque cette dernière se retourne, comme par jeu, les jeunes gens s'immobilisent en demeurant à une distance louable l'un de l'autre.


Jane Campion n'arrive pas à faire passer l'émotion dans ces jolies images sans grande profondeur, et le scénario qui se déroule, sans réelle dramaturgie, n'est rien de plus qu'une mignonne histoire sans saveur.




Bright star
de Jane Campion
avec Abbie Cornish, Ben Whishaw, Paul Schneider,...
sortie française: 6 janvier 2010

2 comments:

aterraki said...

j'ai trouvé que l'émotion dans la relation (finalement platonique) entre les 2 protagonistes existaient réellement.

j'ai été fasciné, par la relation qui évolue dans entre ce poète et cette jeune femme et je n'ai pas du tout vu, apparemment, le même film. Pour moi ce film déjoue tout les clichés inhérents à ce type de film.

Je sais pas où tu as vu ce film. Mais là ou je l'ai (le Grand Théâtre Lumière) la photographie de ce film est absolument magnifique et les plans bien que classique conviennent parfaitement.

Bref pour finir mauvaise fois oblige je ne suis pas du tout d'accord avec toi !
^^

Fanny said...

Il en faut pour tous les goûts! Mais je n'ai pas vu la poigne de La Leçon de piano dans Bright Star...