La journée a démarré sur un échec, celle d'une tentative d'entrer au Work in progress de La mécanique du coeur, séance à laquelle avait décidé d'assister probablement plus de 400 festivaliers. Entre les groupies de Mathias Malzieu, l'équipe curieuse de voir son boulot présenté, les gens invités au cocktail-mais-pas-priés-d'assister-au-WIP, ce fut une joyeuse cacophonie à laquelle j'ai vaguement participé, pas vraiment invitée, mais tentant tout de même une entrée... Raté. La journée fut donc plus calme que cela, et s'est de nouveau terminée par un cocktail suivi d'une réunion dans les montagnes, l'essence même du festival d'Annecy.
Jib (The house), de Mi Sun Park, Eun Young Park, Joo Young Ban, Jae Ho Lee et Hyun-Jin Lee
Ce long-métrage corréen, en compétition m'avait juste tapé dans l'oeil avec son affiche colorée présentant un énorme personnage jaune citron au regard étonné. Il ne suffit de pas grand chose pour m'emmener dans une salle de cinéma. Le film m'a séduite par son fond social, et son esthétique un peu particulière, une animation simpliste sur des décors photographiés dans un monde en miniature. Il conte l'histoire d'une jeune fille, Ga-Young, qui, ayant perdu ses économies, se retrouve à habiter dans un quartier infect au-dessus d'un marché nauséabond, et partage un tout petit studio avec une amie, alors qu'autour d'elles, les nouvelles constructions la fond rêver d'espace, de salle de bain avec baignoire, de vue sur les montagnes,... Agacée par un petit chat très à l'aise dans toutes les maisons, elle récupère son collier magique dont elle se fait un bracelet, et voit alors les esprits de maisons qui l'entourent. Ces esprits se meurent, et Ga-Young est partagée entre l'envie de fermer les yeux sur leur malheur, et celle de les aider à résister.
C'est l'idée de cette société qui perd tout réel attachement à un lieu, à ses souvenirs, pour un esprit de possession toujours plus grand et sans valeur sentimentale, qui est développée. Le thème, adulte, est malheureusement traité avec une simplicité enfantine et s'égare dans les revendications et les dégoûts de sa jeune héroïne. Qui voudrait, malgré des esprits anciens, vivre dans sa bicoque odorante? Et pourquoi les nouveaux appartements, avec leur confort, ne pourrait-ils pas avoir une âme eux aussi? Les pauvres sont les gentils, obligés de subsister avec leur amour et leurs sentiments, tandis que les riches les voient avec dédain du haut de leurs tours de verre. Cette dualité ôte son ambition mature au film.
Courts-métrages en compétition n°5
Il semblerait que les Polonais aient vraiment de quoi pleurer dans leur pays, et entraîne dans leur peine les Britanniques avec cette co-production, L'armoire de Zbiginiev, réalisée par Magdalena Anna Osinska. Sombre, autant dans son thème que dans sa colorimétrie, ce court a tout de même retenu mon attention pour son attachement au bois qu'on retrouve dans la fabrication des marionnettes et dans le scénario qui utilise ce matériau pour en faire une armoire ou un cercueil. Que cela soit intentionnel ou pas, c'est cependant la seule chose qui m'ait réellement plu ici. Millhaven, de Bartek Kulas, est également une production polonaise sinistre, mais contre balancée par une mélodie joyeuse et ironique. La musique et les chants semblaient d'ailleurs être un thème commun à cette sélection de courts-métrages, et n'est pas forcément très heureuse dans la super-production de Rosto, The monster of Nix, "court" métrage de trente minutes poussives et énervantes qui tourne en rond. Entre ces films, j'ai trouvé la sélection suffisamment courte, enlevée et drôle; minimaliste, laide mais efficace dans Clean carousel, d'Andreas Bodker; absurde et usant de la répétition avec intelligence, dans Luminaris, de Juan Pablo Zaramella; ennuyeuse comme un Dimanche, dans le film de Patrick Doyon. Le meilleur restait peut-ếtre le Blind date de Nigel Davies, qui allie une belle animation traditionnelle à une histoire d'amour rigolote, le tout muet.
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