Deuxième jour à Annecy, et pas mal de séances...
WIP Eva de la Argentina, de Maria Seoane
Ce Work in progress n'accueillait
qu'une seule personne, Maria Laura Rodriguez, productrice au
département animation d'Illusions studios, car tout le reste de
l'équipe était resté sur place, en Argentine, à travailler dur...
Voilà qui résume le projet d'Eva de la Argentina, un petit
budget, et très peu de temps, qui ont joué sur les choix
artistiques. Maria Seoane a conçu son script en dix années avant de
le présenter. Illusions Studios a récupéré son animatique et, en
moins d'un an, remplit le challenge de le transformer en
long-métrage. La production est intéressante, d'une part par ce
manque de temps qui décide de l'utilisation de la photographie dans
les décors; par son ambition politique – le film retrace la vie
tumultueuse d'Eva Peron – qui en fait un film pour adulte; et par
son aspect documentaire, qui inclue des images d'archives dans le
film. Nous avons eu une assez bonne vision du process, depuis
l'originale manière de trouver les personnages – chaque
dessinateur en produit des brouillons de sa vision, puis chaque
élément positif de tous ces dessins sont réunis pour trouver
l'image finale – jusqu'à cette construction de décors à partir
de photographique, jusqu'à une animation et un compositing
simplifiés pour des raisons de temps et de budget. Ces contraintes
techniques donnent une image particulière à un projet intéressant.
Reste que notre intervenant Laurent Valière, journaliste à France
Inter, dans son franglais, avait du mal à faire parler une
vénézuélienne pas forcément très à l'aise non plus. La
conférence était donc menée lentement. Dommage.
Le chat du rabbin, de Joann Sfar et Antoine Delesvaux
J'ai déjà parlé de mon désamour pour Joann Sfar, qui prouve une fois de plus qu'i l ne peut
s'empêcher de se mettre en avant, en adaptant sa propre bande
dessinée, avec un personnage qui possède son nom et qui inclut un
personnage dessinateur qui possède son style... On lui pardonne, car
son talent est tout de même vertigineux. Le chat du rabbin met en
scène un chat, qui, après avoir avalé un perroquet, a l'usage de
la parole; son maître le rabbin ne s'en étonne pas plus que cela et
entame un questionnement sur la religion avec son chat; le chat, lui,
se partage entre son effronterie à l'égard du judaïsme, et son
amour pour la fille du rabbin, sa maîtresse, qu'il aime plus que
tout. De papotages en miaulements, de l'Orient à l'Afrique, Le
chat du rabbin nous entraîne sur le chemin des différences, du
partage, et de l'amour. Joann Sfar réussit, avec l'aide, à la
réalisation, d'Antoine Delesvaux, un film osé, où le relief ne
joue qu'un petit rôle agréable à l'œil sans nous sauter au
visage, et dont la technique au trait, façon Sfar, se distingue
parmi l'avalanche de 3D dont les Etats-Unis nous inondent. Dans ces
dessins tremblants, on retrouve l'extraordinaire productivité de
Joann Sfar. Le propos est religieux et terriblement athée, le
bavardage constant mais les dialogues si ciselés que ce n'est pas un
tort. Le chat du rabbin est donc une excellente production,
qu'il fait bon voir en France.
Charlot, de Cyril Adam et Julien Charles (Method Animation)
Un masterclass sur une série qui met
en scène Charlie Chaplin m'a plutôt emballée. J'ai beau connaître
le projet, travaillant là où la série est produite, j'ai été
encore étonnée par l'investissement des initiateurs du projet.
Charlot est une série où tout, artistiquement parlant, a été
pensé pour garder l'esprit Chaplin, depuis sa troupe de théâtre,
réunissant les mêmes acteurs sous différents rôles, à son côté
vagadond qu'on retrouve dans sa maison de bric et de broc et
ambulante, jusqu'à ce personnage de marionnette, malléable et
comique dans sa gestuelle si caractéristique. Les ambitions sont
fortes, le pari audacieux, et le challenge... plutôt réussi. D'ici
la fin de l'année sur Fr3.
The prodigies, d'Antoine Charreyron
Voilà encore une séance un peu
corporate, et rassurante sur l'esprit régnant dans le studio où je
travaille. The prodigies est le long-métrage d'un passionné,
qui rassemble tout ce qu'il aime dans un film audacieux au design jeu
vidéo. Le scénario, qui tire vers la science-fiction et le comic
américain, tient la route: certains enfants semblent posséder des
pouvoirs, tout comme Jimbo, qui a grandi seul avec son secret. A
présent, il tente de protéger et de rassembler ceux qui lui
ressemblent. Il se heurte à un problème financier, car son mentor,
en mourant, laisse sa société aux mains de sa fille, qui n'a pas de
bons rapports avec Jimbo, dont elle jalouse l'amour de son père
défunt. On mixe intelligemment le rapport social entre les
personnages, tout en avançant rapidement dans des actions
percutantes et profondément ancrée dans l'imaginaire super-héros.
Un peu confus par moments, le film pêche par un certain manque de
moyens sur certaines scènes. Mais l'esthétique et le propos sont
suffisamment puissants et originaux pour autant dénoter, dans un
autre style, que Le chat du rabbin de Joann Sfar. Voilà un
film qui met en avant le talent créatif d'un réalisateur à
l'univers fort et personnel.
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