Monday, October 31, 2011

Les marches du pouvoir, de Georges Clooney

Mike Morris et Ted Pullman s'affrontent dans l'Ohio pour l'investiture démocrate aux élections primaires aux Etats-Unis. Devant les caméras, ils font le show. Derrière eux, des centaines de petites mains leur facilitent le passage. Ces petites mains sont menées par deux directeurs de campagne, qui supervisent chaque discours, conseillent le candidat, vont lui chercher des voix auprès des grands électeurs. Ces directeurs de campagne sont Paul Zara pour l'un, Tom Duffy pour l'autre. Les sondages annoncent des résultats serrés. Celui qui ferait la différence, serait-ce Stephen? Bras droit de Paul Zara, il soutient donc Mike Morris. Mais Tom Duffy tente de le recruter pour Ted Pullman, et Stephen, malgré sa droiture, pense un moment à son avenir plutôt qu'à ses convictions. Il doit être auprès de celui qui va gagner. Une seule faiblesse, un seul écart, peut faire basculer toute une campagne et plusieurs vies.


Ah, la politique... il semblerait presque les Français aiment cela, tant l'actualité tourne autour du sujet ces derniers temps. Les Américains ont l'idée d'un show tout autour des hommes qui en font partie, et cela a le don de fasciner les Français, plus habitués au silence médiatique, à l'information détaillée et minutieuse, à la protection du cercle privé. En balançant l'univers d'une campagne américaine, Georges Clooney trouve certainement en France un public intéressé, toujours pas habitué aux frasques d'un actuel président qui joue avec la presse people, et surpris soudainement cet été par la vie sexuelle de ceux qu'on considère sans doute aussi privés de désir charnel que Tintin. Cette semaine sort également un film français, évoquant le même sujet - de loin, la politique -, L'exercice de l'Etat, de Pierre Schoeller. Je ne l'ai pas (encore) vu, mais rien qu'en comparant les affiches, les bandes-annonces, il apparaît clairement que le pouvoir n'a pas le même glamour d'un côté et de l'autre de l'Atlantique.


Georges Clooney fait donc un film de divertissement, là où les Français auraient choisi d'être sérieux - et un peu chiants. Lui-même se met en scène dans le rôle de Mike Morris. On le voit peu, s'attardant sur les coulisses de sa campagne, et ceux qui agissent derrière lui. Mais Georges Clooney l'acteur est aussi charismatique à l'écran qu'a besoin de l'être le candidat Morris. Les regards ténébreux, la parole engagée, voilà une partie de la politique aux Etats-Unis. Il faut jouer avec un public, le charmer, tout en tentant de garder une intégrité morale et de s'accrocher à ses idées. Un candidat à une élection politique, Morris en l’occurrence, est quasiment une métaphore d'un réalisateur tel que Georges Clooney. Ce dernier réalise un film grand public, agréable à regarder, et essaie en même temps de faire passer un message, tout en faisant des concessions pour que l'idée ne soit tout de même pas trop visible, histoire de ne pas ennuyer le spectateur.


Ça sent l'entourloupe. Les marches du pouvoir est presque trop plaisant pour qu'on l'aime vraiment. Bien réalisé, classiquement; bien rythmé, malgré quelques longueurs dans le début qui fait un moment douter que Stephen aura un jour un problème; l'image est jolie, les acteurs excellents. Le message passe: les politiques, tous pourris. Mais voilà, le film s'échappe dès qu'on sort de la salle. Il manque d'erreurs, de volubilité. Il n'y a pas d'impertinence, personne ne tombe des nues en découvrant que la carrière passe avant les idées! Et ce n'est pas une mort, quelques trahisons, qui réussissent à faire palpiter les cœurs.


Le film reste intéressant, chouette à voir, on y passe un moment sympa. Mais il ne marque pas l'esprit, sans défaut, sans ce petit plus qui le rendrait vraiment passionnant.


Et n'oubliez pas le concours jusqu'au 3 novembre pour voir Une séparation!


Les marches du pouvoir
de Georges Clooney
avec: Ryan Gosling, Philip Seymour Hoffman, Evan Rachel Wood,...
sortie française: 26 octobre 2011

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