Maloin surveille la mer, calme, toutes les nuits du haut de son poste sur le port balayé par le vent. Témoin une nuit d'étranges rendez-vous, puis d'un meurtre, il récupère une mallette pleine de billets anglais. Le meurtrier rentre dans un hôtel, son butin abandonné, et le corps reste à la mer. Bientôt, un détective britannique se met à traquer Brown, un acrobate qui, semblerait-il, avait dérobé la mallette à son ancien patron.
J'avais prévenu que je me mettrai à avaler de la filmographie de Tilda Swinton. L'actrice n'a qu'un rôle minime dans L'homme de Londres, mais finalement, même si on la voit peu, il semblerait qu'un film dans lequel elle joue est forcément un petit bijou. On voit beaucoup plus souvent le dos massif de Miroslav Krobot - oui, film hongrois, noms à coucher dehors - qui emplit tout l'écran, ou les lumières noires ou aveuglantes d'un décor normand - filmé à Bastia - dans un noir et blanc sublime. Esthétiquement engagé, L'homme de Londres se démarque immédiatement d'une production classique; l'image est découpée au rasoir, chaque cadre mesuré, rempli de détails qui prennent une mesure immense. Le manteau fatigué de Maloin est la caractéristique principale de son personnage: sa silhouette se reconnaît dans la brume, derrière la fenêtre d'un hôtel, découpée par une unique lampe de chevet.
Pour laisser le temps au spectateur de s'imprégner de cette image, le réalisateur manipule sa caméra avec délicatesse, et pourtant nerveusement, comme l’œil de Maloin qui observe la mer et son quai. Le rythme est aussi lent que sont longues ses journées; et le décor embrumé aussi monotone que ses semaines. Le plan séquence est de mise, calculé, répété sans doute au millimètre, lent, toujours très lent. On s'en prend cependant plein les yeux, et pas besoin d'accélérer pour cela. L'engrenage dans lequel est pris Maloin est suffisamment éprouvant. Trois lignes de dialogues viennent agrémenter l'atmosphère. Je n'ai jamais été fan du dialogue, souvent de trop dans une image suffisamment descriptive; non content de ne jamais en rajouter, L'homme de Londres joue sur les langages. Les acteurs principaux sont effectivement étrangers, et interprètent des Français. Leur accent, sur les mots quotidiens d'une France profonde, résonnent entre les falaises et les maisons quasiment vides.
Le générique de fin lui-même est d'une étrangeté magnétique, ne déroulant pas ses acteurs de manière classique mais en les affichant un à un, petits coups de massue assenés jusqu'au bout. L'homme de Londres est un film charismatique, grave et enchanteur.
Voilà pour la suite de mes découvertes sur Tilda Swinton. Je vous promets d'autres à venir. Ce film est également l'occasion d'annoncer sur ce blog un partenariat avec UniversCiné, qui propose de la VoD. J'ai d'abord voulu parcourir un peu l'offre du site pour en parler. J'ai noté tout d'abord la diversité de leur catalogue; je ne suis pas certaine de découvrir du Bela Tarr sur tous les sites qui proposent des vidéos... La recherche est simple, efficace, le site complet, clair. Je ne suis a priori pas spécialement concernée par la VoD, étant donné que je suis une grosse consommatrice en salle à la sortie des films; c'était donc ma première expérience. Un film peut être vu sous 48h après l'achat (environ 4e le film), soit en étant téléchargé - à peu près 20 minutes - soit en streaming. Attention, utilisateurs de Mac, seul le streaming est proposé. Evidemment, j'ai d'abord téléchargé le film... Mais comme je n'avais pas utilisé la clé de licence valable une fois pour le voir, j'ai pu regarder L'homme de Londres en streaming. Aucun ralenti, aucune pause, la vidéo de plus de 2h se déroule à merveille.
Dorénavant, je rajouterai un petit lien tout en bas de mon article vers la fiche UniversCiné du film décrypté. Ainsi, si mes posts vous donnent envie de découvrir un film, hop, vous pourrez le voir immédiatement! A l'avenir, des concours et des cadeaux grâce à ce nouveau partenaire...
L'homme de Londres
de Bela Tarr
avec: Miroslav Krobot, Tilda Swinton, Erika Bok,...
sortie française: septembre 2008
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